« Changement d’époque » est le nouveau slogan d’Olaf Scholz. Il a employé la première fois l’expression à propos de la guerre en Ukraine, mais aussi sur la question de la crise énergétique … c’est devenu un crédo aujourd’hui pour lui que de proposer une politique de rupture. Cette vision réaffirmée à Prague n’est pas un hasard. La république Tchèque a pris la présidence de l’Union Européenne pour 6 mois et Olaf Scholz sait que la nouvelle présidence Tchèque sera sensible à ses propositions. Il a développé à cette occasion son concept sur les moyens pour arriver à accompagner le changement d’époque dont il parle.
« Changement d’époque »
Le premier axe est l’élargissement de l’Europe vers l’Est et vers les Balkans. Olaf Scholz dessine une Europe à 30 voir 36, rapidement, sur une stratégie d’asseoir la paix et la démocratie européenne sur une base plus large, mais aussi une espace économique pacifié de libre échange plus important. Stratégie d’isolement de la Russie ? ou stratégie d’intérêt pour l’Allemagne qui en voisin direct a une emprise plus forte dans ces pays ? Cette proposition est majeure mais elle peut aussi fragiliser ou réorienter le tandem franco-allemand qui est le cœur de la stratégie européenne.
Le 2ème axe tourne autour du changement dans les process de décisions pour passer d’un droit de véto pour les décisions importantes à un vote à la majorité qualifiée, afin de fluidifier les décisions et de simplifier l’Europe. Cette réforme est sans doute déjà nécessaire car la difficulté de prendre des décisions en Europe impacte l’image de celle-ci vis-à-vis des européens qui critiquent la lenteur et l’inertie de cette alliance et favorise la montée du nationalisme.
Le 3ème axe porte sur la souveraineté européenne dans la droite ligne de celle soutenue par Emmanuel Macron, mais avec un accent différent dans la bouche d’Olaf Scholz. La dépendance de l’industrie Allemande à la Russie et à la Chine est forte. Sa capacité à se projeter dans une zone d’influence économique plus vaste à proximité de ses frontières est donc stratégique. Une fois encore un cap à l’Est se dessine mais cette souveraineté porte aussi sur l’investissement militaire de l’Allemagne avec un budget qui va augmenter considérablement de plus de 100 milliards d’euros. Le chancelier Allemand y inclus également la maîtrise du spatial pour les européens qu’il prône comme indispensable notamment dans la maîtrise du digital et des communications.
Dans tous les cas la guerre en Ukraine, la crise énergétique, le changement des équilibres et des alliances notamment vis-à-vis de la Chine et de la Russie va profondément impacter et mobiliser l’Allemagne qui a les moyens économiques de réagir et qui sait faire bloc pour une cause nationale. Si on associe cela avec une vision politique européenne progressiste, « l’impact allemand » et la traction qui en découle risque d’être très important dans les prochains mois.
On attend la position française qui devrait être clarifiée par le Président de la République dans les prochains jours mais la concordance de vue sur de nombreux points risque de faire pencher la balance vers une inflexion concordante avec la vision du chancelier Allemand.
« Changement d’époque » … changement de politique … nous allons devoir nous adapter et nous coordonner rapidement.