La compagnie marocaine prévoit de quadrupler sa flotte d’ici à 15 ans. L’Etat devrait fortement la soutenir dans le cadre du nouveau contrat programme signé avec le gouvernement.
Avis aux clients, partenaires et fournisseurs de la compagnie, après un méga trou d’air pendant la crise sanitaire, Royal Air Maroc (RAM) remet les gaz à fonds. Pilotée par Abdelhamid Addou (PDG) la compagnie marocaine prévoit un plan de développement massif pour les 14 années à venir, selon les termes de son contrat-programme tout juste finalisé avec le gouvernement.
Négocié depuis plusieurs années, ce contrat a été signé le 11 juillet dernier à Rabat par Abdelhamid Addou et le chef du gouvernement Aziz Akhannouch (photo).
Le plan qui couvre la période 2023-2037 prévoit que la RAM porte sa flotte à 200 appareils à terme, contre environ 50 aujourd’hui.
Il s’agit, a déclaré, Abdelhamid Addou de faire passer Royal Air Maroc « d’une compagnie régionale à une compagnie mondiale avec un hub dynamique à Casablanca« .
Ce plan d’expansion est destiné à soutenir la stratégie touristique du Maroc. Le gouvernement s’est fixé un objectif très ambitieux de 65 millions de touristes à l’horizon 2037 alors que le record actuel pour le pays s’élève à 13 millions de visiteurs (2019). Ce chiffre de 65 millions de touristes correspond, à titre de comparaison, au nombre de visiteurs totaux en Italie en 2019.
« La RAM veillera (…) à développer des liaisons aériennes accompagnant la feuille de route stratégique du secteur du tourisme, à travers l’ouverture de nouvelles destinations internationales, avec l’objectif également de renforcer les liens entre la communauté marocaine établie à l’étranger [et le Maroc] », indique le communiqué du gouvernement.
En nombre de passagers transportés, Royal Air Maroc est actuellement la troisième compagnie africaine derrière Ethiopian, le leader incontesté (13,7 millions de passagers en 2022) et Egyptair.
En termes d’aéronefs, selon le site spécialisé Airfleets, la flotte de la RAM compte actuellement 46 appareils de tout type, avec une prédominance de Boeing (trente 737 et neuf 787). Du côté des principales autres compagnies africaines, Ethiopian affiche 137 appareils, Egyptair 72 et Air Algérie 53.
Royal Air Maroc a été rudement frappé par la crise du secteur aérien due à la Covid. Son trafic s’est effondré à partir de mars 2020 sous l’effet de la fermeture des frontières. Elle a dû céder plusieurs appareils et licencier 140 salariés avant de commencer à se redresser, dès les premiers mois de 2021.
Comme nombre de ses consœurs, la compagnie aérienne, avant même le tout nouveau contrat-programme, a bénéficié d’un fort soutien de l’Etat pendant cette période de crise. Dès juillet 2020, le gouvernement marocain a annoncé un plan d’aide de 6 milliards de dirhams (550 millions d’euros), dont 3,4 milliards de dirhams via une augmentation de capital et le reste sous forme de prêts.
Royal Air Maroc est, pour mémoire, détenue en quasi-totalité par des capitaux publics. Avant cette augmentation de capital (dont les détails ne sont pas connus), la compagnie était contrôlée à 53,94% directement par l’Etat et 44,1% par le fonds public Hassan II, ceci aux côtés d’actionnaires privés très minoritaires, dont Air France et Iberia. Évoquée en 2016, la possibilité d’une alliance capitalistique avec Qatar Airways n’est plus d’actualité pour la compagnie chérifienne qui est membre de l’alliance OneWorld (American Airlines, British Airways, Iberia, Qantas, Cathay Pacific…) depuis le 1er avril 2020.
Quant au redressement de la compagnie, selon des données citées fin mai par Abdelhamid Addou devant des parlementaires marocains, le chiffre d’affaires de Royal Air Maroc, en 2022, affiche encore un recul de 22% sur 2019, exercice pré-crise de référence, à 12,6 milliards de dirhams. La compagnie chérifienne a transporté 5 millions de passagers en 2022, loin encore de son record de 2019, à savoir plus de 7 millions de passagers.
Facteur encourageant, en rythme annuel, le trafic de Royal Air Maroc atteignait à fin mars dernier 97% de son niveau pré-crise, selon les mêmes déclarations d’Abdelhamid Addou.