Le Maréchal Sissi vient d’être réélu avec une majorité écrasante de 89,6% pour son 3ème mandat avec le plus important taux de participation (67%) que l’Egypte ait connu.
Ce plébiscite est toutefois rassurant dans un pays clé pour la stabilité de la zone.
Son nouveau mandat risque d’être compliqué, car les crises multiples auxquelles il doit faire face s’annoncent comme difficiles. La première crise est bien entendu liée à la guerre dans la bande de Gaza qui engendre une immigration massive et sans doute durable des Palestiniens en Egypte. Elle va engendrer également une montée de l’extrémisme, car le Hamas risque de se servir de l’Egypte comme d’une base arrière pour ses actions.
Le Président Sissi s’est posé comme médiateur dans cette crise ou il met tout son poids dans la balance face à un état israélien déterminé à en finir avec l’extrémisme.
La deuxième difficulté sera économique
L’insécurité dans la zone et dans le golfe d’Aden a engendré une baisse importante du trafic dans le canal de Suez qui est l’une des ressources les plus importantes du pays. Les principales compagnies maritimes vont faire des détours pour éviter le canal et cela risque de durer plusieurs mois. Le manque à gagner va être important dans un pays où la situation économique n’est pas brillante.
Le taux d’inflation avoisine les 35% en Egypte, et les denrées alimentaires de base augmentent toutes les semaines, ce qui appauvrit fortement la population. Une nouvelle dévaluation devient indispensable et devrait intervenir dans les prochaines semaines. La dette du pays a été multipliée par trois en 10 ans, ce qui porte le taux d’endettement du pays à 90%. Les énormes chantiers pilotés par les militaires et financés par la dette tardent à sortir de terre, mais devraient produire des effets dans les prochains mois. Des réformes sont nécessaires et le Président Sissi en est conscient, si bien qu’il a d’ailleurs avancé la date des élections qui devaient se dérouler en avril 2024 pour trouver une nouvelle légitimité avant des mesures plus douloureuses.
Toutefois il est clair que la communauté internationale ne l’abandonnera pas, car il est le seul ilot de stabilité dans une zone embrasée et des difficultés en Egypte auraient pour signification une montée rapide et douloureuse de l’extrémisme que le Président a déjà du mal à bâillonner.