La bourse du cacao à New-York a récemment enregistré des records inégalés, avec le prix de la tonne dépassant les 10 000 dollars (mardi 26 mars), soit près de quatre fois plus qu’il y a un an lorsque les prix tournaient autour de 2 500 dollars, et alors qu’elle était encore à 6 000 dollars au début de cette année. A Londres, le cacao a également battu des records, dépassant 8 682 livres sterling (10 120 euros) la tonne. Cette augmentation vertigineuse, de l’ordre de plus de 130 %, est le résultat de divers facteurs qui ont provoqué une véritable onde de choc sur le marché des matières premières. Comparativement, le prix du caco a dépassé celui du cuivre. Un tel phénomène n’avait pas été observé depuis les années 70.
Cette hausse fulgurante des prix s’explique par les mauvaises récoltes en Afrique de l’Ouest, région clé de la culture du cacao. La Côte d’Ivoire et le Ghana, qui produisent près de 60 % des fèves de cacao dans le monde ont été ont été sévèrement touchées par des conditions climatiques extrêmes. Des pluies torrentielles ont provoqué l’année dernière une augmentation des pourritures brunes des cabosses, entraînant une diminution des rendements. Cette baisse de la production de près de 35% a conduit à une demande excédentaire sur les marchés mondiaux, ce qui a contribué à la hausse des prix. Tout ce qui est rare est cher…
Le deuxième facteur de cette explosion des prix du caco est lié aux craintes de pénuries. Les chocolatiers ne peuvent pas produire de chocolat à partir de cacao brut et dépendent des transformateurs qui transforment les fèves en beurre et en liqueur mais qui disent surtout qu’ils n’ont plus les moyens d’acheter les fèves. Des grandes usines gérées par l’État pourraient fermer prochainement en Côte d’Ivoire, principal producteur, qui produit près de la moitié du cacao mondial. Cette année, déjà, des usines n’ont pas reçu le cacao qu’elles avaient précommandé et n’ont pas eu les moyens d’acheter à des prix au comptant plus élevés. L’ICCO (Organisation internationale du cacao) s’attend à ce que les stocks mondiaux de cacao tombent à leur niveau le plus bas depuis 45 ans d’ici la fin de la saison.
La hausse des prix amorcée depuis trois ans déjà aura encore longtemps des conséquences, d’autant que l’approvisionnement en cacao de l’Europe risque également d’être impacté par les nouvelles réglementations de l’Union européenne visant à interdire la vente de produits qui contribuent à la déforestation, rendant ainsi encore plus difficile pour les producteurs de chocolat européens de s’assurer un approvisionnement suffisant. Egalement en cause le phénomène climatique El Niño qui menace les cultures d’Afrique de l’Ouest par un temps chaud et sec. Au niveau du consommateur, il semble évident aujourd’hui que la hausse des prix enregistrée cette année dans les magasins par rapport à Pâques 2023 devrait être pire pour Pâques 2025.
Si l’explosion des prix du cacao à plus de 10.000 dollars la tonne fait le malheur des amateurs de chocolat, les producteurs d’Amérique latine (Équateur avec 9 % et Brésil avec 4%), eux, ont le sourire et rêvent pouvoir un jour devenir les nouveaux maîtres de « l’or brun ».