Hasard du calendrier c’était un 1er avril….. Précédemment ministre du Plan, Mme Suminwa Tuluka a été la première femme nommée à la tête du gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC). Sa nomination intervient après la réélection de Félix Tshisekedi en tant que président de la RDC.
La nouvelle cheffe du Gouvernement va devoir mettre en œuvre les engagements du second mandat du Président Congolais et principalement la lutte contre les menaces externes du pays. « Mes pensées vont à l’Est, dans tous les coins du pays qui aujourd’hui sont confrontés à des conflits face à des ennemis qui sont parfois cachés, qui ne se révèlent pas, mais que l’on trouvera, qu’on va pourchasser d’une manière ou d’une autre. Je pense à cette population et je suis de tout cœur avec elle », a-t-elle déclaré en prenant ses fonctions alors que le pays observe l’intensification des combats au Nord-Kivu.
Les défis sont donc sécuritaires mais aussi économiques… Âgée d’une cinquantaine d’années, originaire du Kongo-Central (ouest), mariée et mère de deux enfants, Judith Tuluka Suminwa est diplômée en comptabilité et titulaire d’une maîtrise en économie à Bruxelles. Elle a d’abord forgé son expérience professionnelle dans le secteur bancaire et au PNUD (Programme des Nations unies pour le développement). Sa carrière politique a débuté en tant que membre du cabinet du ministre du Budget puis en tant que coordinatrice adjointe du Conseil présidentiel de veille stratégique (CPVS), une entité affiliée à la présidence de la République. Proche collaboratrice de Félix Tshisekedi, discrète, elle est davantage considérée comme une technocrate que comme une politicienne. C’est notamment l’une des plumes derrière les discours du chef de l’État avec qui elle entretient des liens étroits.
Félix Tshisekedi a promis de créer des emplois, de diversifier l’économie, développer l’agriculture, protéger le pouvoir d’achat des ménages… La tache va s’avérer colossale pour Judith Tuluka Suminwa car tout en ayant un sous-sol immensément riche en minerais, la RDC reste une des nations les plus pauvres au monde, avec les deux tiers de ses quelque 100 millions d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté. Face à une inflation qui reste très élevée autour de 20 %, la dépréciation du franc congolais par rapport au dollar américain, le déficit d’infrastructures routières ou la nécessaire relance du tissu industriel, la nouvelle Première Ministre va devoir agir. Il lui faudra aussi mettre fin à la multiplicité des taxes dont se plaignent beaucoup d’opérateurs économiques, réduire la bureaucratie et la complexité administrative et assainir le climat des affaires.
« Je suis consciente de la grande responsabilité qui est la mienne » a résumé Mme Suminwa Tuluka en prenant ses fonctions. Si elle compte « faire de la République Démocratique du Congo la locomotive du développement de toute l’Afrique » elle sait que le potentiel du pays est important. Selon le Fonds monétaire international (FMI), la RDC était le deuxième pays à afficher une croissance économique à 6% au sein de l’Afrique subsaharienne l’année dernière. La commission des économiques des Nations unies pour l’Afrique a parallèlement classé le pays dans le top 10 des économies africaines à plus forte croissance en 2024.