Dans un contexte de faible reprise économique, l’Europe connaîtra une progression de ses échanges extérieurs en 2024 et 2025. Alors que la France connaît un léger mieux sur le front du commerce, le Danemark se distingue par la vigueur de ses exportations . L’Allemagne reste à la traîne.
Pas de miracle… La dernière livraison des prévisions économiques de printemps de la Commission européenne vient de confirmer la situation de faible reprise économique au sein des 27. Sous titrées « Une expansion progressive dans un contexte de risques géopolitiques élevés », ces prévisions ont été présentées le 15 mai dernier à Bruxelles par Paolo Gentiloni, commissaire chargé de l’Économie (photo).
Les services de la Commission tablent sur une hausse du PIB de 1% en 2024 au sein des 27 et de 0,8 % pour la seule zone euro. L’économie européenne devrait toutefois être légèrement plus dynamique en 2025 avec un niveau de croissance attendue de 1,6 % (contre 1,7 % lors des dernières prévisions de mi-février).
Des niveaux qui restent bien en deçà de la croissance mondiale estimée à 3,1 % en 2024 et 3,4% en 2025 ainsi que de celle des États-Unis (2,4% en 2024 et 2,1% en 2025, sans même parler de la Chine (4,8 %, puis 4,6 %) ou de l’Inde (7 %, puis 6,9 %).
Du côté de l’inflation, à l’inverse, le ciel se dégage de plus en plus, avec une prévision de hausse des prix au sein des 27 de 2,7 % en 2024, puis de 2 % en 2025, bien loin des 6,4 % enregistrés en 2023. Concernant le commerce international, après une année 2023 piteuse (-0,5 %), la Commission table sur une progression des échanges mondiaux de 2,6 % en 2024 et de 3,5 % en 2025, des prévisions proches de celles des grandes institutions internationales (OMC, FMI, etc..).
Cette amélioration des perspectives du commerce mondial devrait soutenir la croissance de la demande extérieure de biens et services de l’Union européenne (…) après le repli de 0,2 % enregistré en 2023. Ainsi, les exportations européennes de biens et de services devraient progresser de 1,4 % cette année, puis de 3,1 % en 2025. Cette croissance des exportations restant inférieure à la progression de la demande mondiale, les exportations de l’Union subiront des pertes de parts de marché, estime la Commission. Cinq pays (Allemagne, Estonie, Belgique, Lettonie, Pays-Bas) devraient même connaître un recul de leurs exportations de biens et services cette année, avec comme fait marquant une nouvelle baisse attendue en Allemagne (-1 % en 2024, après -2,2 % en 2023). Si Berlin, décidément, peine à relancer sa machine à l’international, la Commission anticipe toutefois une reprise des exportations allemandes de 2,7 % en 2025.
Quant à la France, après une hausse modeste de 1,2 % en 2023, notre pays va voir ses exportations de biens et services progresser plus fermement de 2,4 % cette année, puis de 3,3 % en 2025.
Au sein des 27, le solde du commerce extérieur devrait s’inscrire en légère amélioration avec une balance commerciale positive de 439,7 milliards d’euros, après les 399 milliards d’euros de 2023.
Quatre pays vont toutefois connaître une hausse marquée de leurs importations, avec des niveaux compris entre +4 et +5 %, à savoir la Roumanie, la Slovénie, le Portugal ainsi que Malte. Deux autres se détachent par leur demande encore plus forte à l’importation, à savoir la Slovaquie (importations attendues en hausse de 5,3 % cette année) et surtout le Danemark (+8,6 %). Cette hausse élevée des importations du Danemark s’explique, en parallèle, par un rebond très marqué de ses exportations cette année à +9,8 % (le record au sein des 27). Le Danemark est favorisé en particulier par la vigueur de son secteur pharmaceutique (le groupe Novo Nordisk bat tous ses records actuellement…) et aussi par la reprise de ses exportations de gaz naturel offshore.
A noter enfin que les prévisions de l’été 2024 de la Commission devraient être présentées en septembre 2024. Dans un monde soumis à de multiples tensions, que seront-elles? « Nos prévisions restent entourées d’une incertitude élevée. Alors que deux guerres continuent de faire rage non loin de chez nous, les risques à la baisse se sont renforcés » a prévenu Paolo Gentiloni.