La France « ne signera pas en l’état » l’accord de libéralisation commerciale entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, a affirmé Franck Riester, le ministre français du Commerce extérieur. « Nous attendons des garanties tangibles et des objectif clairs sur l’environnement et les normes sanitaires ».
Ce devait être le prochain accord commercial signé avec l’Union Européenne après celui du Japon, et du Canada. Depuis quelques mois on savait que les choses n’évoluaient pas bien, notamment sur les objectifs liés à l’accord de Paris et sur le respect des normes sanitaires, particulièrement sur le volet agroalimentaire. La France, par la voix de son ministre du Commerce extérieur, a tapé du point sur la table en bloquant l’accord depuis début janvier.
« Il n’est pas question de se replier sur nous-mêmes, mais nous ne nous satisferons pas d’une déclaration politique sur des engagements en matière environnementale venant des quatre pays concernés (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay, NDR), cela prendra beaucoup de temps » a déclaré le ministre Franck Riester à l’AFP à l’issue d’une réunion du comité de suivi de la politique commerciale, rassemblant élus, fonctionnaires, ONG, syndicats et patrons ou responsables de filières économiques.
L’idée est aussi de maîtriser les importations alimentaires de produits agricoles de ces pays, notamment dans la viande, et de bien vérifier que agriculture et préservation de la forêt amazonienne sont parfaitement respectés dans ces pays.
Pour le moment, l’accord conclu en 2019 est donc bloqué faute de ratification. C’est sans doute une conséquence du Covid et d’une prise de conscience accrue de la cause environnementale qui bloque 20 ans de négociation commerciale. La multiplication des incendies dans l’Amazonie ont ému la France et l’Allemagne, qui déplorent le manque d’engagement du Brésil à défendre l’environnement.
Les exigences de la France sont claires : « nous devons travailler sur le fond pour les rendre les engagements les plus objectivables possibles afin d’avancer sur l’accord ».
Concernant les éleveurs bovins, farouchement opposés à l’accord, Franck Riester a évoqué la mise en place de « clauses miroirs » permettant de vérifier si les normes sanitaires des viandes importées seraient respectées.
Mais le Ministre a rappelé l’attachement de la France à trouver un accord équilibré « car pas d’importation signifie aussi pour nous pas d’exportation… il faut trouver des équilibres. »
« Il faut davantage de moyens de protéger les éleveurs et les consommateurs, je suis convaincu que ce n’est pas en se repliant et en mettant tout le monde dans des bulles qu’on va s’en sortir, en revanche il faut que les éleveurs soient en situation de concurrence équitable ».
A suivre … mais il n’est pas certain que cet accord puisse être ratifié dans les prochains mois. Cela prendra sans doute encore quelques années.