Une entreprise à mission française, basée à Grenoble a formé en 18 mois plus de 100 000 Rwandais à l’utilisation des outils digitaux. Une prouesse technique réalisée grâce à une plateforme unique, qui confirme un succès et une méthode.
Créée par Annemijn Perrin, Digital Skills Foundation (DSF) fait partie de ces start-ups qui vont révolutionner l’Afrique.
« Si on veut avoir accès au monde moderne et ne pas être exclu du progrès, il faut aujourd’hui savoir se servir d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un smartphone. Dans notre société, c’est un peu comme apprendre à lire ou à écrire, c’est devenu une nécessité. L’accès au savoir passe par internet et le digital. C’est l’enjeu de l’Afrique et c’est notre ambition, notre projet … notre mission… »
La vision d’Annemijn Perrin est très pragmatique et l’inclusion numérique est pratiquée à très grande échelle. On parle de centaines de milliers de personnes formées à des coûts très bas, de 100 à 200 euros par apprenant. Des coûts qui rendent possible le déploiement à grande échelle.
Forte de 14 personnes la société DSF a ouvert une filiale au Rwanda pour mieux maîtriser un de ses gros contrats. Elle va maintenant se déployer dans d’autres pays comme la Namibie. « La force de l’Afrique c’est comme on n’a pas les bases anciennes on peut passer directement à la solution la plus moderne et la plus efficace. Les résultats sont très rapides. »
« On a deux facteurs essentiels qui jouent pour nous. Le premier, c’est l’employabilité, si on veut rentrer dans une organisation moderne et être plus attractif, il faut maîtriser les outils digitaux et d’un seul coup on peut se mettre sur le marché du travail de façon plus efficace.
Le 2e facteur est que de très nombreux gouvernements sont en train de passer au e-gov, une administration toute digitale. C’est à la fois pour améliorer la gouvernance, car le digital implique traçabilité et transparence, mais aussi pour une question d’efficacité. Ces deux facteurs poussent les acteurs publics et les bailleurs de fonds à accélérer les formations pour le digital, car ça leur permet d’apporter des solutions à deux problèmes importants. »
Digital Skills Fondation est une entreprise à mission, « génétiquement nous avons un impact social important, je suis fière de contribuer à résoudre une problématique sociétale. Même si on doit être rentable, on le fait avec un impact social positif et responsable. On a développé notre plateforme pour rendre les gens autonomes et notre succès provient de notre solution digitale qui permet à chacun de travailler à son rythme, mais avec un système aidant. Beaucoup d’Africains ont plusieurs jobs pour survivre, les bloquer pendant trois
semaines dans une classe avec une formation face à un prof est inimaginable et inadapté. Avec notre système, ils peuvent travailler à leur rythme et avoir une qualification reconnue à chacune des étapes. »
« 10% du secondaire va à l’université le reste va dans les champs et dans le secteur informel. On ne peut pas laisser faire cela en sachant qu’entre 50 et 100% de la population a un smartphone ! Servons-nous-en comme d’une arme pour lutter contre les inégalités.
Les Européens sont souvent très occupés par leurs problèmes et pas assez par les problématiques collectives. Pour permettre l’inclusion des pays en développement il faut construire un vrai partenariat et mettre tout le monde au même niveau. On peut très bien vivre en Afrique sans avoir à immigrer, mais pour cela il faut monter les Africains en compétence. »
Dans cinq ans Annemijn Perrin pense qu’elle sera dans de nombreux pays et sur tous les continents. « La
demande est énorme et on est leader dans les compétences digitales. »
Elle désire aussi travailler avec le secteur privé. « Nous pouvons nettement augmenter la productivité et combler les manques de compétences avec des formations digitales adaptées à des entreprises et à des process particuliers. Faire cela dans l’environnement du travail et sur une heure par jour est plus performant que d’immobiliser un salarié une semaine pour le former. »
La dirigeante de DSF pense que son succès vient de son agilité et de sa capacité d’adaptation, « Nous avons une grosse expérience, nous habitons en Afrique, notre prise de décision est rapide et nous sommes transparents, car nous travaillons ensemble avec nos clients pour réussir un projet. »