Du 30 novembre au 2 décembre prochain se dérouleront les Rencontres Africa au Togo, pays très tourné vers l’agriculture, et nous organisons à cette occasion une mobilisation forte et une information autour du secteur agri-agro.
Pour faire la synthèse des évolutions de ces 4 ou 5 dernières années en Afrique, on assiste à une prise de conscience générale et à une mobilisation sans précédent dans le domaine de l’agriculture et de sa transformation.
Les enjeux sont connus :
- Nourrir les populations locales sans importer des denrées alimentaires de l’étranger demande une amélioration forte de rendements, un changement des pratiques qui ont appauvri les terres et donc de l’apport de compétences extérieur et de l’investissement. La stabilisation des populations africaines est la clé de la maîtrise de l’immigration et de la montée de l’extrémisme. Tout le monde en est conscient et tout le monde est prêt et commence à mettre des moyens considérables.
- Seule la transformation agroalimentaire locale apportera de la valeur de façon suffisante pour enrichir les pays, les populations et hausser les niveaux de vie. Il faut structurer les approvisionnements de matière première agricole, créer des unités de transformation, créer des marques africaines dans le domaine agro, créer des produits propres en innovant.
Qu’est-ce qui a changé ?
Dans pratiquement tous les pays des programmes de développement prioritaires ont été mis en place depuis 4 à 5 ans. Au Togo le Plan National de Développement a mis l’agriculture et son évolution en priorité absolue. Un effort a été fait en structuration des filières, en formation des agriculteurs, en création d’agropoles grâce a des partenariats publics privés.
La mécanique est donc en marche appuyée par de nouveaux organismes financiers qui garantissent les investissements et des bailleurs de fonds qui contribuent eux aussi fortement au secteur. L’AFD, le GIZ, la BAD, la Fondation Tony Blair … c’est une mobilisation générale
Le changement c’est :
- La création de nouveaux jeunes entrepreneurs, qui réussissent, au Togo, en moins de 5 ans des entreprises significatives ont été créées, organisées, avec des salariés formés, capables d’investissement. Ce sont sans doute les futurs interlocuteurs et partenaires de nos entreprises européennes et ils sont nombreux !
- La mise en place de mécanismes financiers qui sécurisent les investisseurs agricoles et les partenaires étranger. Au Togo le MIFA arrive en garantie des prêts des agriculteurs notamment pour la mécanisation qui est très peu présente.
- La structuration des filières grâce à des partenariats avec des organismes comme la Fondation Avril, qui fait un programme structurant de la filière Soja à des coopératives comme Limagrain qui adapte des semences en regroupant des agriculteurs … Nous sommes en train d’assister à l’évolution d’une agriculture paysanne à une agriculture plus moderne organisée et mécanisée.
Qu’est-ce qui manque et quelles sont les opportunités ?
Les opportunités sont immenses, mais demandent à être travaillées en s’adaptant au contexte, aux régions … Par exemple il vaut mieux faire 10 projets « moyen » d’exploitation que 1 gros projet très industriel. Les projets peuvent être importants, mais doivent être retaillés à l’aune de la mentalité et des possibilités d’évolution locales.
- L’irrigation et la maîtrise des aléas climatiques sont une priorité. Il faut mettre en place du matériel et démontrer aux banques la qualité des revenus que cela va engendrer.
- Le transfert de savoir-faire pour améliorer les rendements qui demande également de l’investissement matériel, une mécanisation accompagnée d’un apprentissage à son utilisation.
- La transformation des productions locales, dont la culture est maitrisée depuis longtemps est une nécessité : mangue, Ananas, fonio, sorgho … laissent la porte ouverte à de nombreuses transformations
- La chaine du froid est également totalement essentielle : elle doit être souple, autonome et présente de la région jusqu’à la ville ou au port. Seule une chaine du froid performante peut permettre un lissage des revenus et un stockage des récoltes qui souvent pourrissent sur l’arbre ou dans les champs.
- Le développement de l’élevage notamment de la transformation du poulet ou du poisson est une priorité gouvernementale. Les Togo comme les autres pays sont envahis par les importations d’Amérique du Sud ou d’Asie qui revendent les surplus à des coûts très faibles. Structurer une production locale permettra d’abaisser les coûts et d’être compétitif.
Le nerf de la guerre : l’investissement et le financement sont en train d’évoluer fortement
La première des solutions est le co-investissement avec des partenaires locaux, de nombreuses preuves de succès existent déjà dans le domaine, Castel, Pronatura, Géocotton … C’est le tour aujourd’hui d’entreprises moins importantes de trouver des partenaires. Les projets existent, ils sont été travaillé localement, les entrepreneurs ont été filtrés passés au crible et les business existent déjà. Seuls des partenaires étrangers qui peuvent apporter des technologies et des financements peuvent faire l’effet de levier recherché.
N’oublions pas que le financement local se réalise à des taux supérieurs à 14%. Une entreprise européenne qui a accès à du crédit peut apporter un modèle très différent.
Il faut trouver des partenaires financiers locaux pour de nouveaux modèles de ventes : de types locatifs, de type mutualiste. C’est possible, mais cela demande d’être un peu créatif. Celui qui réalise ce schéma s’implantera durablement sur le marché. On a des exemples bien entendus qui peuvent être mis en avant.
Il faut retourner en sens inverse les modèles de financement : aujourd’hui sur des dossiers bien montés la BPI France est capable de réaliser des crédits vendeurs qui peuvent vous permettre de sécuriser vos ventes.
Les organismes de garanties peuvent être des leviers puissants pour vous aider dans vos démarches, les connaître et se faire connaître auprès d’eux est une nécessité.
Enfin et Surtout il va falloir aider vos partenaires commerciaux à présenter des dossiers de financements structurés ; Votre nom sur un dossier bien préparé vaut de l’or auprès d’une banque locale.
Le « Time to market » dans le secteur Agri-Agro en Afrique est le meilleur qui puisse être. Le marché a été défriché, les problèmes et solutions identifiés. Il reste à trouver des ententes et créer des projets économiques, c’est donc devenu une affaire d’entrepreneurs privés.
Pour l’exemple voici quelques projets validés par l’Union Européenne lors du sommet UE Togo qui sont en phase réalisation
KLINGO TRACTEUR
Production mécanisée de soja bio sur 1000 ha, location des tracteurs, commercialisation des mini-tracteurs
Assurer la mise en marché des produits agricoles notamment le soja pour satisfaire la forte demande sur le marché national et international.
MINAGRO GROUP
Production de farine à base de tubercules et céréales
Mettre à la disposition de l’industrie agroalimentaire des farines de haute qualité à un coût inférieur à celui de la farine de blé.
CECO AGRO
Création d’un complexe avicole
Produire et commercialiser les œufs de consommation, renforcer la sécurité alimentaire au Togo et dans la sous-région
DEFI TERRE
Production et commercialisation de poisson
Réhabiliter la ferme piscicole DEFIT TERRE en vue d’augmenter
la capacité de production du tilapia et du poisson chat
BANZAI AGRO
Pâtes alimentaires et couscous à base de produits locaux
Renforcer la production de ses produits disponibles sur le marché ( Wassa wassa et Couscous Multi céréale)
Produire de nouveaux produits qui sont : Spaghetti de manioc et Couscous de manioc (Attiéké).
BODHI FOODS
Mise en place d’une unité de transformation de fonio
Industrialiser la production qui se fait actuellement de façon artisale pour augmenter la capacité de 1 tonne/jour à 3 tonnes/jour et pouvoir faire face au marché grandissant (différents games de fonio).
SCOOPS ED
Installation d’une unité d’abattage et de conditionnement de poulets
Mettre à disposition une unité d’abattoir mobile, un fumoir et une calibreuse mobile.