La démission du Président Abdelaziz Bouteflika sous la pression de la foule, l’intervention du très puissant Ahmed Gaïd Salah chef d’Etat major des Armées, les mises en détention de chefs d’entreprises les plus en vue en Algérie, le grand chambardement est en route sous la pression de la rue, mais pour aller ou ?
La liste s’allonge : Hali Haddad le magnat du BTP et Président du Patronat Algérien, Issad Rebrab le patron de Cevital, la plus importante entreprise algérienne et opposant notoire au régime Bouteflika, les frères Kouninef eux aussi attributaires de gros marchés publics dans le BTP. L’opération de grand nettoyage du Général et de l’armée touche tout le monde jusqu’au frère du Président Said Bouteflika que l’on pensait intouchable il y a encore quelques jours.
Plus personne n’est à l’abri, et ceux qui ont profité du régime depuis 15 ans tremblent car les protections qu’ils se sont construites ne sont plus opérationnelles.
… et toujours des manifestations et la rue qui demande la mise en place de nouvelles institutions.
C’est la fin d’une époque et d’un régime dont la transition bien qu’inévitable et connue n’a pas été préparée.
Les fondamentaux algériens restent positif, la bonne tenue du prix du baril permet a court terme au pays de ne pas tomber dans une crise grave. L’armée semble pour le moment exclure de s’approprier le pouvoir, même pour assurer une transition démocratique et les élections devraient se tenir le 2 juillet prochain dans les délais prévus par la constitution.
La mauvaise nouvelle est le changement de donne économique avec la mise en quarantaine des capitaines d’industrie qui ont fait fortune parfois avec, parfois contre le pouvoir en place. Cela ne donne pas une bonne image du pays et créé un climat d’incertitude important.
Cette crise a créé un électrochoc au pouvoir trop longtemps resté statique et rien ne sera plus comme avant. La prise de conscience de l’indispensable ouverture de l’économie a d’autres secteurs et aux investisseurs est en route. La ré-industrialisation de l’Algérie est une nécessité pour préparer l’après pétrole. Des opportunités vont apparaitre et les entreprises françaises qui sont avec les décideurs algériens dans une relation ambiguë de « je t’aime, moi non plus » peuvent jouer un rôle majeur.
Sur la question de la fin des manifestations, rien n’est moins sûr, mais nous n’avons pas de leçons a donner en France avec les gilets jaunes… Dans tous les cas les avis sont plutôt unanimes sur la question de la transition démocratique non belliqueuse pour ce pays qui garde en mémoire les répressions sanglantes du siècle dernier.
Restons patients et attentifs… La solution devrait venir dans la convivialité du ramadan qui commence…