Le pays présidé par Macky Sall vient de rejoindre la liste assez courte des États africains ayant donné le feu vert aux plantes génétiquement modifiées. Une loi en ce sens (n°08/2022) portant sur la biosécurité a été adoptée le 3 juin dernier à l’unanimité par l’Assemblée nationale à Dakar. Le projet de loi était porté par Abdou Karim Sall, ministre de l’Environnement et du développement durable.
Selon des déclarations du ministre après le vote, le texte permet au Sénégal de « se conformer à ses engagements internationaux et de tirer le maximum de profits des avantages qu’offre la biotechnologie moderne ». La loi remplace celle de 2009 qui interdisait la culture ou la commercialisation des OGM.
Selon le ministre sénégalais, ce vote permet « d’être en phase avec nos engagements internationaux, ainsi que les progrès constatés et qui sont irréversibles, consistant aujourd’hui, à utiliser des organismes génétiquement modifiés ». Le texte, selon lui , « viendra nous apporter tous les éléments nécessaires afin que nous puissions être à l’aise quant au progrès scientifique et son utilisation dans notre pays ».
L’autorisation n’est cependant pas générale et indifférenciée. Chaque demande sera traitée au cas par cas. La loi encadre ces biotechnologies par la systématisation de la procédure d’évaluation et de gestion des risques ou le renforcement des mécanismes d’information du public. De même, le texte introduit un principe de responsabilité pénale des personnes morales, l’introduction de nouvelles incriminations ou le renforcement des sanctions pénales. Sont aussi prévues, des procédures différenciées de sécurité selon le type d’OGM et l’activité (importation, culture, expérimentation..). Pour rappel, les échanges internationaux d’OGM sont régis par le protocole de Cartagena entré en vigueur le 11 septembre 2003 et ratifié par le Sénégal.
Près de 30 ans après l’introduction des plantes OGM dans le monde, huit pays en Afrique, au moins, les autorisent à des degrés divers (importation, consommation, production ou expérimentation), selon l’association mondiale ISAAA qui promeut les biotechnologies végétales. Il s’agit du Burkina Faso, de l’Egypte, l’Eswatini, l’Ethiopie, le Nigéria, de l’Afrique du sud, du Soudan et de la Zambie.
Le Nigéria se distingue pour être le premier pays à avoir autorisé une plante OGM d’origine africaine, à savoir le haricot niébé, et vient de débuter les tests sur une nouvelle variété de maïs (Tela). Toutefois, l’Afrique du sud reste de loin le principal producteur de plantes OGM, suivi du Soudan. Dans certains pays comme le Kenya, où la recherche est très active, la situation est en train d’évoluer. Le 15 juin 2021, NBA, l’agence de biosécurité a autorisé une variété de manioc résistante à une maladie, développée par l’institut de recherche agricole KALRO. Toujours au Kenya, cette agence NBA vient, par ailleurs, suivant l’exemple du Nigeria, de publier en mars 2022 son premier « guide » sur l’édition génomique (technologie CRISPR).
Au Burkina Faso, l’introduction, voilà une dizaine d’années, du coton OGM ne s’était pas traduite par de bons résultats, ce qui a mené à son abandon. Mais en Afrique du sud, les résultats techniques des cultures OGM (3,23 millions d’hectares en maïs, soja et coton surtout) sont bons.
Sur ce sujet qui électrise encore les activistes écologistes, l’Union africaine tente actuellement d’élaborer des lignes directrices sur la culture et le commerce des plantes OGM dans l’espoir d’un début d’harmonisation sur le continent.
Pour rappel, dans le monde, les principales espèces OGM sont, selon l’ISAA, le soja (95,9 millions d’hectares), le maïs (58,9 millions d’hectares), le coton (24,9 million hectares), le colza (10,1 millions d’hectares) et la luzerne (1,2 million d’hectares).
Parmi les principaux pays producteurs on compte les Etats Unis, le Brésil, le Canada et l’Argentine. Quant aux Philippines, ce pays a été le premier l’an dernier à autoriser la culture du riz doré, variété génétiquement modifiée riche en vitamine A, élément dont la carence affecte de nombreuses populations asiatiques mais aussi africaines.