Connaissant une des plus fortes croissances du continent, le géant d’Afrique centrale devrait voir son économie continuer sur la même lancée en 2023, année électorale. Et dépasser les 70 milliards de dollars de PIB.
L’année prochaine à Kinshasa et en RD Congo est une période très attendue, car marquée par l’élection présidentielle, prévue fin 2023, mais ce sera aussi une nouvelle période de croissance soutenue. L’économie qui a fortement repris cette année à plus de 6% de progression, selon différentes estimations, devrait poursuivre sur sa lancée. Selon les très récentes projections du FMI, la croissance devrait s’établir à 6,7 % en 2023 -pour atteindre un PIB nominal de 70,3 milliards de dollars- soit une des plus fortes performances du continent. Ce trend doit se maintenir en 2024, à +6,9% toujours selon selon le FMI.
Le fonds vient de boucler fin juin une mission (procédure dite « article IV ») à Kinshasa et a livré un satisfecit à la politique économique du pays , prenant le contre-pied des critiques de l’opposition parlementaires ou de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), une ONG.
Dans son rapport, le FMI indique ainsi « l’environnement macroéconomique de la RDC s’est amélioré depuis la dernière consultation menée en 2019 […]. Les autorités ont adopté des politiques macroéconomiques prudentes, l’une des plus visibles consistant à mettre fin au financement de l’État par la banque centrale . A noter que la RD Congo continue de connaître un niveau particulièrement bas de dette extérieure, de l’ordre de 18% du PIB. La balance des paiements est, quant à elle, quasiment à l’équilibre. Mais le président Tshisekedi et le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge ont néanmoins choisi de faire bénéficier le pays d’une facilité élargie de crédit (FEC) du FMI. Dans le cadre de sa récente mission, l’institution de Bretton Woods a décaissé un montant d’environ 203 millions de dollars pour répondre aux besoins de financement de la balance de paiement, soit un décaissement total à ce jour d’environ 653 millions de dollars dans le cadre de cette FEC.
A noter que, toujours selon les estimations du FMI, les importations totales devraient progresser de 11,6% en 2023 pour atteindre 9,9 milliards de dollars. Pour rappel, les principaux partenaires à l’importation de la RD Congo sont la Chine, l’Afrique du sud, la Zambie. La France pointe dans le Top 10 avec plus de 2% des importations totales, mais figure derrière la Belgique ou les Pays-Bas.
Au plan conjoncturel, comme tous les pays africains, la RD Congo reste toutefois soumise à de fortes tensions sur les prix alimentaire liées au conflit en Ukraine. L’inflation devrait ainsi pointer à 9,8% en 2023, selon le FMI. Un défi pour une des populations les plus pauvres du continent avec un PIB par habitant d’environ 500 dollars par an. En dépit de ces difficultés, la croissance devrait donc se maintenir à un niveau élevé per capita à plus de 3%.
La performance de la RD Congo s’explique pour une bonne partie par le développement des ressources minérales géantes du pays, mais le FMI prévoit, hors industries extractives, une croissance encourageante de 5,1% du PIB l’an prochain.
LES MINES BOOSTENT L’ECONOMIE
Les industries minières dans un contexte favorable, à la fois en volume et en valeur, demeurent toutefois le véritable booster de la RD Congo. Ce secteur bénéficie à plein des prix élevés des métaux sur les marchés mondiaux, cobalt et du cuivre notamment et de la mise en production de nouvelles mines. Ainsi, le complexe de cuivre Kamoa-Kakula du nouvel acteur sino-canadien Ivanhoe Mining a mis en service le 21 mars la phase 2 de son projet, après un lancement initial l’an dernier. La troisième phase déjà engagée devrait porter en 2024 la capacité du complexe situé près de Kolwezi jusqu’à 600 000 tonnes de cuivre par an. Cette success story ne doit pas cacher certains problèmes dans ce secteur minier comme les pénuries d’électricité, la difficulté à faire aboutir de nouveaux projets ou encore les difficultés de relance du groupe public Gecamines. A cela, s’ajoutent les tensions entre le gouvernement et certains opérateurs comme China Moly, groupe lancé dans un bras de fer avec l’Etat sur l’importante mine de cuivre et cobalt de Tenke Fungurume.
Au-delà de ces péripéties économiques, le pays et ses 100 millions d’habitants restent soumis à plusieurs défis majeurs. Parmi ceux-ci figurent, au premier chef, les tensions sécuritaires avec ses voisins orientaux, et le mouvement rebelle du M23. Une situation qui inquiète la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) qui souhaite que la situation soit apaisée avant les élections présidentielle de fin 2023, à laquelle se représente Félix Tshisekedi pour un potentiel deuxième mandat de 5 ans.