Le sommet Union Européenne-Union Africaine de février 2022 avait fixé une feuille de route pour les infrastructures numériques, qui deviennent un axe fort de la coopération Europe-Afrique. Lors du forum économique de Kinshasa le 4 mars 2023, qui clôturait la tournée africaine d’Emmanuel Macron, Thierry Breton, Commissaire européen à l’industrie et à l’espace, a fait l’annonce d’un partenariat Europe-Afrique dans le spatial. La constellation IRIS permettra de relier les pays d’Europe et d’Afrique sur les quatre à cinq fuseaux horaires que les deux continents ont en commun, en positionnant les satellites sur orbites basses Nord-Sud. En novembre 2022, Thierry Breton s’était félicité de l’accord européen qui, après les systèmes Galileo et Copernicus, doit doter l’Europe d’ici 2027 d’une « infrastructure pour la résilience, l’interconnexion et la sécurité par satellites » capable en outre, de limiter la congestion de satellites dans l’espace. Le budget alloué par l’Union Européenne est de 2,4 milliards d’euros, complété par une contribution de l’Agence Spatiale Européenne et d’autres financements privés à venir, pour des premiers lancements prévus dès 2024.
En RDC, le numérique est le troisième pilier stratégique du développement, au coté des infrastructures et de l’exploitation minière. Ce projet lui permettra tout autant de desservir internet dans les nombreuses zones blanches du pays, que d’adresser les enjeux de formation, de santé et de haut débit pour les 200 millions d’habitants estimés en 2050. Un câble court déjà le long des côtes Atlantique de l’Afrique, financé par le programme Global Gateway pour près d’un milliard d’euros, mais les besoins sont immenses et doivent monter en gamme, notamment sur la sécurité des données.
Avec cette proposition, l’Europe cherche surtout à offrir à l’Afrique une alternative aux solutions proposées, souvent clé en main, par la Chine ou les États-Unis, tel les réseaux privés Starlink de SpaceX, ou le projet Kuiper d’Amazon. Apporter le haut-débit c’est aussi proposer des services numériques et d’information à valeur ajoutée, résister aux cyberattaques, et répondre aux enjeux de souveraineté et de défense des états qui entrent dans le partenariat. Et bien sûr de positionner un savoir-faire des entreprises européennes, dont les start-up contribueront à hauteur de 30 % de l’ingénierie ou des innovations de rupture comme le cryptage quantique.