Les filiales au Bénin et au Togo de la banque française accordent un financement en prêts de 58 millions d’euros à la jeune société de location de motos et de batteries. Spiro entame, par ailleurs, son expansion en Ouganda et au Kenya sur un marché où les acteurs se multiplient.
Passer la vitesse supérieure… tel est l’objet du financement en FCFA, équivalent à 58 millions d’euros, dont vient de bénéficier Spiro. Cette société panafricaine de mobilité électrique est portée par le fonds ATIF (Africa Transformation and Industrialization Fund ) basé à Abu Dhabi et dirigé par Gagan Gupta (Arise). Spiro revendique plus de 1 000 motos électriques en circulation au Bénin, au Togo et au Rwanda et plus de 1 million d’échanges de batteries déjà effectués. Le financement de la Société générale va permettre, selon l’entreprise, d’accroître sa flotte d’au moins 15 700 motos et 31 400 batteries et de lancer plus de 1000 de points de charge et d’échange supplémentaires au Bénin et au Togo.
Connue à son lancement sous le nom de M-Auto, la société a fait ses premiers tours de roue, il y a environ deux ans sous la houlette de l’homme d’affaires en vue Shegun Bakari. Devenu le 6 juin ministre des Affaires étrangères du Bénin, Shegun Bakari a transmis les rênes de la société au financier Jules Samain, rejoint mi-août par le spécialiste du secteur Kaushik Burman comme codirecteur général.
C’est donc sous la houlette de cette nouvelle équipe de direction que Spiro, vient de lever sa facilité de crédit accordée par Société Générale Bénin et Togo sous la supervision de Mohamed Fadel Kane, directeur des financements structurés de la banque française en Afrique.
Les lignes de crédit libellées en francs CFA se chiffreront au total à 37,8 milliards FCFA (58 millions d’euros), dont une première tranche effective de 21 milliards de FCFA. Point important, la société britannique de garantie GuarantCo apporte une couverture jusqu’à 70% de la première tranche. Guarantco est, pour rappel, membre du groupe PIDG (Private Infrastructure Development Group), un important fonds de développement public – privé basé à Londres spécialisé dans les projets d’infrastructure innovants, très actif en Afrique. Pour ce deal, Spiro s’est appuyé sur la société de conseil financier centrée sur l’Afrique et basée à Paris, Okan Partners cofondée par les ex-McKinsey, Amaury de Féligonde et Benjamin Romain.
En termes de modèle, Spiro qui développe ses propres produits propose aux motos taxis et autres livreurs, la location de deux roues et de batteries, ainsi qu’un système d’échange dans des dizaines de points de charge urbains. Elle entend aussi s’intégrer totalement. En ce sens, la jeune pousse a lancé peu après sa création la mise en route d’un site d’assemblage au Bénin sur la GDIZ (Glo-Djigbé Industrial Zone), zone située à 45 km de Cotonou développé par Arise IIP. Une démarche similaire est conduite au Togo et Rwanda. L’entreprise qui s’est lancée sur la base d’un partenariat avec une société indienne nommée, elle aussi, M-Auto vient, en juillet, de s’associer avec l’important fabricant chinois Horwin pour accélérer le déploiement de sites d’assemblage dans toute l’Afrique.
Avec son projet, Spiro veut contribuer à libérer les métropoles africaines des motos pétaradantes à essence à usage professionnel (livreurs, taxis, etc…) en les remplaçant par ses deux-roues électriques. Un marché sur lequel, hormis les importations directes de Chine ou d’Inde, de plus en plus d’acteurs organisés se positionnent en Afrique. Hormis Spiro, Zed Motors, une startup fondée par des entrepreneurs béninois et californiens (Olou JP Koucoi et Kristin Strong) s’est ainsi lancé à l’assaut du marché au Bénin, (pays où l’Etat exonère de TVA et de droits de douane les véhicules 100 % électriques) et au Togo.
Dans ce même pays, la société d’origine suédoise Roam (ex Opibus) vient, quant à elle, de se doter à Nairobi de la plus grosse usine d’assemblage de motos électriques pour le marché de la location. Ce site appelé Roam Park d’une capacité annoncée de 50 000 motos par an a été inauguré fin juillet par le président kényan William Ruto.
Quant à Spiro, outre l’Afrique de l’ouest, la société est déjà présente au Rwanda. Elle a également débuté son expansion en Ouganda et au Kenya, où le service a été lancé le 1er septembre et où une usine sera construite. Dans ce pays où l’électricité est verte à 80% grâce à la géothermie, le président Ruto vient juste de lancer un programme e-mobility, qui vise 5% des immatriculations en électrique d’ici à 2025. Une annonce faite à l’occasion d’un événement organisé par Spiro pour son lancement à Nairobi. William Ruto a même fait sensation au Sommet africain sur le climat de Nairobi cette semaine en arrivant escorté par cinq motos Spiro. L’objectif du Kenya, à terme, est d’atteindre 1 million de deux roues électriques en circulation. Un sacré gâteau pour Spiro et les autres.