Début octobre, à l’occasion de la première « Biennale Euro-Africa » de Montpellier et de son second « Campus des jeunes entrepreneurs africains », 56 jeunes du continent ont été accueillis et ont pu, pendant une semaine, dialoguer avec l’écosystème local. Ces jeunes chefs d’entreprise venaient de cinq pays différents : le Togo, la Mauritanie, le Sénégal, le Bénin et la Côte d’Ivoire. L’objectif de ce Campus des jeunes entrepreneurs africains : soutenir les entrepreneurs prometteurs proposant des projets innovants et à impact en Afrique, mais aussi les mettre en contact avec de potentiels partenaires industriels tout en nous faisant découvrir l’écosystème d’accompagnement des entreprises.
Parmi les entrepreneurs présents cette année, la maison de thé sénégalaise Contanna qui commercialise pour la première fois des plantes d’Afrique de l’Ouest, le réseau de professionnels de santé MEDOM-BENIN, l’entreprise Nutrivie qui au Sénégal a mis sur le marché de la viande végétale à base de pomme de cajou, dont la texture est très proche de la viande animale, la société AGIP BTP gérant un réseau de latrines publiques et de ramassage de déchets à Lomé, ou… Lucien Mèdjiko, créateur de la plateforme E-pineA.
Lancée l’année dernière, E-pinea est une application mobile qui connecte les producteurs d’ananas aux potentiels acheteurs par le biais d’une carte dynamique permettant de localiser les champs d’ananas et de visualiser en temps réel leur état de maturité. Elle propose également un espace de commerce en ligne qui permet aux transformateurs et aux fournisseurs d’exposer et de vendre des produits dérivés de l’ananas et services associés.
La plateforme a connu un succès remarquable, affiche aujourd’hui un chiffre d’affaires de 15 milles euros, et a pour ambition de développer le plus vaste réseau de distribution d’ananas d’ici 2030. Elle compte à présent plus de 1300 acteurs et la vente de plus de 500 tonnes d’ananas sur les marchés locaux, sous régionaux, et même européens.
L’ananas est la source de revenus de 6 000 personnes au Bénin. « Le souci, c’est que cette production arrive à terme de maturité (peut pourrir en 5 jours) sans qu’elle ne puisse trouver d’acheteurs dans sa globalité« . L’application permet de pallier ce manque de connexion et d’informations entre les producteurs et les potentiels acheteurs et donc d’éviter la perte inutile. Les prix sont également plus abordables, ce qui permet d’attirer encore plus de clients. « l’acheteur avait besoin de savoir où se trouvait l’ananas, en quelle quantité, à quelle qualité et à quel prix, et le producteur lui avait besoin de visibilité pour garantir la vente de ses produits. Maintenant, c’est possible grâce à la carte dynamique qui cartographie tous les champs d’ananas du pays avec des marqueurs colorés indiquant leur état de maturité. »
Un plan a été mis en place pour monétiser l’investissement consacré à cette plateforme. » Nous mettons en place des abonnements annuels et des commissions qu’on prélève sur chaque transaction sur la plateforme. »
« Nous avons de nombreuses ambitions. Tout d’abord obtenir une part de 40 % dans l’industrie nationale des ananas frais et de leurs produits dérivés au Bénin, mais aussi conquérir 15 % du marché régional. Nous avons également l’intention de doubler les exportations d’ananas vers le marché européen en 2026. »