Il y a quelques semaines, à l’occasion de l’Assemblée Générale des directeurs de ports d’Afrique de l’Ouest et du Centre (AGPAOC) qui s’est tenue à Lagos, au Nigéria, SOGET (éditeur de logiciels) s’est associé à Ports & Corridors pour réaliser un livre blanc, « Le digital au service du commerce extérieur africain ». Cette étude recueille le témoignage de sept experts, qui partagent leur vision et leurs expériences sur le sujet. Elle permet de se pencher sur les possibilités qu’offre le commerce numérique aux économies en développement, et sur les difficultés qu’elles rencontrent dans ce domaine.
La logistique, autrefois centrée sur le déplacement physique des marchandises, évolue de plus en plus vers une dimension numérique. La Convention FAL 46 de l’Organisation Maritime Internationale (OMI) oblige les États signataires à mettre en place un guichet unique portuaire, où la gestion des escales et des documents se fait de manière électronique. Les ports du monde entier doivent donc s’engager dans un processus de digitalisation pour répondre aux exigences modernes de gestion logistique. Cependant, selon une récente étude de l’IPCSA, près de 30% des 200 premiers ports internationaux n’ont pas encore initié de démarche pour se conformer à cette convention de l’OMI.
Cette digitalisation requise par l’OMI, mais également par l’OMD et la CNUCED joue un rôle crucial dans la compétitivité des pays et est un levier majeur dans le classement du LPI (Logistic Performance Index). Elle est obligatoire non seulement pour une question de conformité, mais également car c’est une source d’assurance pour les investisseurs qui souhaite participer à l’avenir du commerce international. Cette digitalisation doit par ailleurs s’accompagner d’une stratégie en matière de ressources humaines.
Parmi les enseignements de ce livre blanc on retrouve la nécessité que la digitalisation portuaire et aéroportuaire puisse être adaptée aux spécificités de chaque pays, notamment en Afrique, où les 54 États présentent des particularités et où les différences dans les types de marchandises et les exigences de transfert imposées par les autorités nationales compliquent la tâche. Pour Armand Hounto, l’un des sept experts interrogés, « la digitalisation des ports africains est essentielle pour améliorer leur efficacité opérationnelle, renforcer leur compétitivité, faciliter le commerce régional et international, garantir la transparence et stimuler le développement économique. »
Parallèlement un autre rapport intitulé “Le commerce numérique au service du développement”, publication conjointe du Fonds monétaire international (FMI), de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), de la Banque mondiale et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) permet lui aussi de faire le point sur le commerce numérique, sa situation actuelle et les possibilités dont disposent les responsables politiques pour en faire un moteur de croissance et de développement plus puissant. Ce rapport insiste sur la nécessité de combler le fossé numérique et de renforcer les capacités de réaction des économies en développement pour tirer parti du commerce numérique. D’après cette publication, il est nécessaire d’accroître le soutien financier et technique international afin de renforcer la capacité des économies en développement d’améliorer la connectivité et les compétences, et la coopération internationale doit être intensifiée pour réglementer les domaines liés au commerce numérique.