Le régime d’aide d’une durée de cinq ans vise à accélérer la transition de ce pays déjà très industrialisé vers les activités à fort contenu technologique en particulier dans l’énergie, la Tech ou le véhicule électrique.
Dans un contexte de relance post-covid et de bouleversement de chaînes de valeur mondiales, la Thaïlande vient de revoir son régime d’aides aux investissements. Le Conseil thaïlandais de l’investissement (BOI) a validé, pour les cinq ans à venir (2023-2027) sa nouvelle stratégie de promotion des investissements. Elle s’articule autour de trois axes principaux : l’innovation et les technologies, la compétitivité et enfin la durabilité environnementale et sociale. Il s’agit d’accélérer la stratégie dite « Thailand 4.0″ et de créer une « nouvelle économie » pour le royaume, selon Narit Therdsteerasukdi (photo) qui dirige depuis le 3 octobre dernier le BOI.
Cette stratégie s’accompagne de neuf grands types de mesures d’incitation aux investissements, qu’ils proviennent d’entreprises thaïlandaises ou internationales.
Parmi celles-ci, figure au premier chef, la mise en place de subventions pour les nouveaux investissements dans les véhicules électriques (hydrogène compris), les nouvelles énergies, la food-tech et le spatial. Cette catégorie dite « A1+ » comprend aussi la biotechnologie, la nanotechnologie et les matériaux avancés.
Par ailleurs un régime d’exemption fiscale, pouvant aller jusqu’à 13 ans, est mis en place sur les dépenses de R&D à partir de 1% du chiffre d’affaires et un autre de 5 ans en cas de mise en place de centre de formation de haut niveau.
La Thaïlande introduit pour la première fois une « récompense » pour les investisseurs les plus fidèles ; les entreprises ayant investi plus de trois fois sous certaines conditions de montant (plus de 260 millions de dollars environ) pourront bénéficier d’une exemption d’IS allant de 50% à 100% sur trois à cinq ans, selon les cas. Par ailleurs, le pays introduit une exonération d’IS de trois à cinq ans pour les entreprises « relocalisant » des activités, sièges sociaux ou centre de R&D en Thaïlande. Est également introduite une aide aux gros investissements, ceux supérieurs à 1 milliard de bahts (27 millions d’euros) sur un an recevront une réduction d’IS de 50 % sur cinq ans. Pour favoriser la montée en gamme du pays, les projets de type Industrie 4.0 peuvent bénéficier d’une réduction d’IS de 50 à 100%
Le plafond de déclenchement de certaines aides réservées aux PME est, lui, divisé par deux et passe à 0,5 million de bahts (13 600 euros). A cela, s’ajoutent diverses mesures pour inciter à l’investissement dans certaines zones de développement prioritaires du pays ou dans les régions les moins industrialisées.
A noter qu’en parallèle le royaume vient de mettre en place plusieurs schémas de type « golden visas », dont un « smart visa » de quatre ans pour les travailleurs hautement qualifiés et autres « digital nomad ». Ceci afin de favoriser encore l’écosystème des start-ups déjà particulièrement dynamique.
L’objectif du pays, déjà un des plus industrialisés de la région, en grande partie grâce aux investisseurs internationaux (japonais et américains notamment et chinois plus récemment), est de poursuivre sa montée en gamme et de ne pas se laisser distancer. Depuis trois décennies, les IDE ont connu une croissance quasi-continue vers la Thaïlande, dont le stock d’investissement étranger dépasse désormais 50 % du PIB. Dans un contexte de montée en puissance de pays proches comme le Vietnam ou l’Indonésie, sa part relative dans les IDE entrants dans la région ASEAN ne cesse de chuter : de 33% en 2001, elle est passée à 15% en 2019, pour atteindre un plus bas à 6% en 2020. A titre d’illustration, la production automobile, si elle demeure la plus importante de la région, grâce aux usines Toyota, BMW, Mitsubishi, Nissan, Ford ou GM, stagne autour de 2 millions depuis plusieurs années (hors crise covid).
Peuplée de 70 millions d’habitants, la Thaïlande affichera une croissance de 2,8 % cette année pour atteindre un PIB de 532 milliards de dollars, selon le FMI qui prévoit 3,7 % de croissance sur 2023.
Selon le BOI, de janvier à septembre 2022, les investisseurs étrangers et locaux ont déposé 1 247 demandes de promotion des investissements pour un total de 11,6 milliards de dollars, soit une hausse de 8,5 % en nombre de projets mais une baisse de 14,1 % en valeur, comparé à la période correspondante de 2021. Ces demandes d’IDE venaient principalement dans l’ordre de Chine, de Taïwan, du Japon, des États-Unis et de Hong Kong.