Pour Frederic Szabo le Directeur de Business France pour le Moyen Orient, il faut bien considérer la fulgurance du développement des Emirats qui, toute proportion gardée, est assez comparable à celle de la Chine.
Les Émirats ont été créés en 1971, la progression et le chemin parcourus depuis ce temps sont impressionnants. Même si aujourd’hui on peut se poser des questions sur l’économie pétrolière et sa cohorte immobilière, le succès du développement du pays est indéniable.
« J’ai été surpris par la résistance des Emirats, malgré toutes les crises successives il y a une capacité à encaisser les coups et à se dépasser » explique Frederic Szabo, Directeur de Business France pour la zone Moyen Orient et basé à Dubaï. « Il est clair que le virage qui a été pris par les Emirats vers la technologie, vers l’innovation, vers l’intelligence et la haute valeur ajoutée est une réelle stratégie qui tranche par rapport à l’économie pétrolière qui prédominait il y a 10 ans et qui devient chaque jour plus incertaine. »
Le rôle de hub des Emirats est aussi très bataillé par d’autres comme par les turcs et les saoudites, c’est une zone extrêmement concurrentielle qui pousse vers l’excellence ses acteurs pour se démarquer.
L’agitation sur la sous-région n’est pas propice au développement du Hub de Dubaï, « la fermeture de l’Iran a été un coup dur pour Dubaï, l’isolement du Qatar, le redémarrage faible de l’Irak, les promesses africaines qui ne sont pas toutes aux rendez-vous créent des zones de turbulences dans l’hinterland naturel des Emirats. »
« L’Arabie Saoudite reste le pays qui monte et le poids lourd de la zone, mais l’intermédiation traditionnelle de Dubaï dans le commerce commence à avoir de la concurrence locale avec l’ouverture prônée par MBS. Mais les Emirats ont plusieurs longueurs d’avance, sur les infrastructures et sur les liaisons maritimes et aériennes qui sont extrêmement performantes.»
« On a aujourd’hui un axe fort qui se développe avec le sous continent indien : l’Inde, le Bangladesh, le Pakistan. Les entreprises indiennes installées à Dubaï sont anciennes et performantes et le potentiel du sous continent indien est très important. »
Dubaï reste pionnière pour faciliter l’implantation des entreprises, avec la prolifération de zones franches qui facilitent le commerce et les échanges. « On a sur Dubaï un cadre juridique qui garantit que en cas de recours les droits des étrangers seront respectés et que la propriété intellectuelle sera protégée, ce qui n’est pas forcément le cas dans d’autres pays de la zone. »
Les Emirats ne se résument pas à Dubaï, d’autres Emirats comme Ras al Khama, Fujaira, Charja
sont également à prendre en compte dans le business « mais Dubaï est plus connu car c’est là où la qualité de vie est plus facile pour des entreprises européennes : écoles internationales, logements de bonne qualité et disponibles, vie culturelle … Et c’est vrai que Dubaï est une vraie ville internationale avec une communauté française très importante forte de 25 000 personnes. »
Un marché ouvert avec un haut niveau de service
« Les Emirats sont un marché ouvert pour les PME si elles se sont bien préparées et surtout si l’entreprise a un niveau de service élevé » reprend Frederic Szabo. « On est dans un marché ou le niveau d’exigence est très élevé, dont la maturité est forte. Cela veut dire que le service après vente, le service associé à la mise en place de l’offre ou à la communication doit être de haut niveau et irréprochable.» Le service associé à la vente de produit sera donc déterminant pour imposer son offre.
Le secteur de l’Agro-alimentaire reste très porteur aux Emirats. « La France a une réputation solide et les Emiriens sont en recherche de produits bio, traçables, de qualité garantie… Il y a donc encore pas mal de place pour de nouveaux produits d’autant que les Emiriens créent la tendance de consommation sur la zone. »
Le 2ème secteur mis en avant par Frederic Szabo est celui de la santé et notamment du digital dans le secteur.
Bien entendu le secteur Oil&Gaz reste très important surtout avec les découvertes de nouveaux gisements de gaz ces derniers mois.
De nouveau secteurs s’ouvrent notamment dans le nucléaire civil avec la centrale nucléaire « Baraka » vendue par EDF aux Émirats.
« Nous sommes dans un pays ex empire britannique, cela se ressent dans de nombreux domaines, les normes, la façon de rédiger des appels d’offres … Les entreprises britanniques sont les bienvenues et bénéficient d’une longueur d’avance. »
« Sortir un fournisseur historique avec lequel l’importateur a des relations depuis de nombreuses années est utopique. Il faudra se positionner sur une extension de gamme, sur de nouveaux développements et chercher les potentialités d’extension de la gamme du distributeur. Mais il faut être lucide et parler cash. »
Marc Hoffmeister
Pour consulter l’intégralité du Magazine 255 – Septembre-Octobre 2020 :
cliquez ici :