Le petit pays d’Afrique de l’Ouest aux 8,2 millions d’habitants a impulsé de nombreuses réformes en faveur de l’industrialisation depuis cinq ans. Autour d’un discours qui prône l’inclusion sociale et économique ainsi que la modernisation du pays par la digitalisation, le Togo fait office de modèle dans l’intégration régionale d’Afrique de l’Ouest.
Le Togo ne s’en cache pas, au contraire. Depuis une petite dizaine d’années, de nombreuses mesures ont été adoptées en faveur de l’industrialisation et de l’ouverture économique du pays. Le secteur public s’est ouvert au secteur privé, en impulsant une réflexion autour de la création de nouveaux partenariats, plus inclusifs.
« Une feuille de route gouvernementale établie main dans la main avec le secteur privé »
La transformation industrielle togolaise se traduit par l’édification de grands ouvrages : la plateforme industrielle d’Adetikopé, la mise en place du Lome Data Centre qui héberge des données sensibles ou encore la centrale solaire de Blitta, plus grande centrale solaire d’Afrique de l’Ouest. Des investissements qui ne sont pas anodins et visent à affirmer la place du Togo dans la CEDEAO. Lors des Rencontres Africa Togo, la Première Ministre Victoire Tomegah Dogbe a rappelé « la vision affirmée du Togo de continuer à se réformer audacieusement pour rester un pays attractif. Nous voulons envoyer un message de confiance au secteur privé dans notre capacité à délivrer ». Le ton est donné et le Togo s’impose comme une destination de choix de la sous-région.
Se doter d’infrastructures adéquates pour fortifier l’intégration régionale
Le parc d’Adétikopé, plateforme industrielle, participe à faire du Togo un véritable hub logistique. Son positionnement géostratégique, au cœur de l’Afrique de l’Ouest, permet la redistribution de 87% des conteneurs qui arrivent au port de Lomé vers les pays de l’hinterland. Le Togo s’illustre aussi en tant que hub financier puisqu’il héberge les sièges de grands groupes de banques africaines : la Banque Internationale pour l’Afrique et la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO. De la même façon, à l’image de l’inauguration du Lome Data Centre en juin 2021, le Togo ambitionne de devenir un hub technologique digital d’ici 2025. Une digitalisation qui se traduit également par la volonté de faire du Togo le premier pays fibré d’Afrique de l’Ouest.
Pour Lionel Zinsou, ancien Premier Ministre du Bénin, en se dotant d’infrastructures qui modernisent son économie, le Togo montre que la création d’un marché unique en Afrique de l’Ouest est possible : « les pays ont besoin d’infrastructures d’intégration et le Togo représente cela ». Lomé s’érige donc en pilote aussi bien de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (huit membres, 120 millions d’habitants) que de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (quinze membres, 350 millions d’habitants).
« L’étiquette ‘risque’ collée à l’Afrique se justifie de moins en moins »
Alors pour attirer les investisseurs étrangers, une réflexion autour des contours futurs qui lient les entreprises, s’engage. Paul Allary, directeur régional de l’UEMOA explique : « La prime de risque qui est collée à l’Afrique se justifie de moins en moins lorsque l’on observe tous les investissements qui ont eu lieu ces dernières années. Aujourd’hui, on passe à l’étage supérieur du développement économique et pour cela les banques doivent revoir leur modèle et partager les risques ».
Une vision du risque que partage Isabelle Bébéar, Directrice des affaires internationales et européennes de BPI France : « la perception du risque est plus importante que la réalité du terrain. Pour faire évoluer cette perception, il faut que les entrepreneurs et certaines institutions africaines investissent plus en Afrique. Si les Africains eux-mêmes n’aident pas cette classe d’actifs à se maturer et à devenir plus professionnels, les investisseurs internationaux ne vont pas venir. »
S’inspirer du modèle togolais pour créer de nouveaux partenariats économiques
Les réformes et plans d’investissements engagés par Lomé visent à rassurer les investisseurs étrangers. Le Togo cherche à s’illustrer comme un pays entrepreneur, « à l’image des Nana Benz », comme le souligne Victoire Tomegah Dogbe.
Même si les inégalités en termes de PIB sont fortes entre les Etats membres de la CEDEAO – celui du Bénin étant équivalent à une semaine de production Nigériane, Lionel Zinsou reste optimiste. « Le tiers du poids économique du continent est dans une forme avancée d’union économique. La question est maintenant de savoir comment en élargir les bénéfices et opérationnaliser cela avec nos voisins éthiopiens, kényans et d’Afrique de l’Est ».