Effacées les deux années de crise liées à la covid-19! L’industrie automobile connaît un nouveau point haut dans le royaume chérifien. Elle devrait approcher la barre des 100 milliards de dirhams (9,5 milliards d’euros) d’exportations cette année, selon les récentes estimations de Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie.
Sur les neufs premiers mois de l’année, le secteur constitué en très grande partie de groupes internationaux installés au Maroc, avait déjà exporté pour 77,681 milliards de dirhams (7,05 milliards d’euros), selon l’Office des changes. Soit une hausse de 34,9%.
Les exportations marocaines s’articulent pour rappel autour de trois grands segments : les véhicules complets (sites Renault et Peugeot), les composants et pièces détachés et enfin le câblage (fabrication de harnais). Cette dernière activité, a elle seule, emploie des dizaines de milliers de salariés avec des groupes comme Yazaki, Sumitomo, Lear ou Leoni. Elle a vu son activité doper cette année du fait de transferts de productions réalisées jusque là en Ukraine ou en Biélorussie.
Après le creux de 2020, au plus fort de la pandémie, les exportations de l’automobile avaient nettement repris en 2021, s’inscrivant en hausse de 15,6% à 83,54 milliards de dirhams, soit au-delà du niveau de 2019 (80,2 milliards de dirhams)
Le secteur est porté par le dynamisme des deux usines Renault, celle de Tanger, la plus importante, et celle Casablanca (Somaca). Ce site historique vient de passer la barre du million de véhicules produits depuis sa phase de relance en 2005. A noter toutefois que l’usine Somaca, d’une capacité de 100 000 véhicules par an, devait faire l’objet d’un accroissement de capacité d’environ 50% avant la crise sanitaire, projet qui a été annulé par le groupe Renault.
Inaugurée en juin 2019, centrée autour de la Peugeot 208, l’usine Stellantis de Kenitra, encore en phase de montée en puissance, a fait l’objet de l’annonce d’un nouvel investissement de capacité de 300 millions d’euros par le groupe français le 9 novembre dernier. Le site sera taillé pour produire 450 000 véhicules par an à terme, de quoi approcher, pour le Maroc, la barre du million en termes de capacité totale installée contre environ 700 000 à ce stade.
Jusqu’à la crise covid, le secteur a connu une expansion continue dans le royaume depuis l’ouverture de l’usine géante de Tanger par Renault début 2012 où il produit notamment des Dacia Sandero, Lodgy et Dokker. Ce site, l’un des plus importants du groupe au plan mondial est taillé pour 350 000 véhicules par an et a fait l’objet de nombreux investissements successifs.
L’arrivé de Renault puis de Peugeot ont attiré une nuée d’équipementiers et sous-traitants européens, américains et asiatiques (Valeo, Saint-Gobain, Plastic Omnium, Faurecia, Citic Dicastal, Gestamp, Varroc Lighting Systems…) essentiellement dans la région de Tanger et ses deux zones franches FTZ et TAC, puis plus récemment sur Atlantic Free Zone à Kénitra et la région Fès-Meknes. A preuve, le japonais Yazaki qui vient d’investir 30 millions d’euros pour sa quatrième usine au Maroc, située à Kenitra ou l’américain Lear qui vient tout juste de consacrer 20 millions d’euros à Meknès pour ouvrir son seizième site dans le royaume.
En 2021, selon les statistiques de l’OICA, l’association mondiale des constructeurs automobile, le Maroc a produit au total 403 007 véhicules (+23%), dont 338 339 VP, ce qui en fait le premier producteur du continent africain pour cette catégorie. Traditionnel leader tous types confondus, l’Afrique du sud où Nissan, Ford ou BMW sont présents, quant à elle, produit un total de 499 087 véhicules (+12%), dont 239 267 VP et 259 820 utilitaires.
Au-delà de ces chiffres, le prochain défi pour les pouvoirs publics et les industriels marocains est d’insérer la plate-forme de production « Made in Morocco » dans le mouvement d’électrification à l’œuvre en Europe et aux Etats-Unis. Le gouvernement cherche, sans succès à ce stade, à attirer une usine de batterie dans le royaume. Il est, par ailleurs, en voie de reconfigurer sa stratégie industrielle avec l’objectif d’atteindre 100 000 véhicules électriques produits d’ici à 3 ans, en espérant notamment l’arrivée d’un constructeur asiatique (le chinois BYD avait renoncé à un pré-projet voilà 4 ans).
En attendant, Stellantis a choisi en 2020 Kenitra comme unique site de production de sa Citroën AMI. Cette petite voiture électrique deux places sans permis est aussi déclinée en Opel Rocks-e et bientôt en Fiat Topolino. Pour sa part Renault vient d’annoncer mi-septembre, le début en 2023 de la production à Tanger du Mobilize Duo, un véhicule électrique deux places avec ou sans permis, selon les versions, ciblant le marché de la mobilité partagée.