La France est le premier producteur de lin au monde. 75 % de la production mondiale est réalisée dans l’hexagone. La plante pousse très majoritairement sur la côte, entre la France et les Pays-Bas, beaucoup en Normandie (60 % des surfaces cultivées en 2020) et dans les Hauts-de-France (35 %). La culture fait vivre 8 200 producteurs dans tout le pays.
Le lin est une plante cultivée pour ses fibres qui sont utilisées dans la fabrication de textiles, de papier et de produits alimentaires. Il peut également être utilisé pour fabriquer des produits alimentaires tels que l’huile de lin et les graines de lin. Les feuilles de lin peuvent aussi être utilisées pour fabriquer des produits cosmétiques et pharmaceutiques. Les avantages de la production de lin incluent sa croissance rapide et sa capacité à être cultivé dans des sols pauvres. Il est également respectueux de l’environnement, car il nécessite peu d’engrais et de pesticides.
Les surfaces en France ont augmenté d’un quart depuis 2021 mais aujourd’hui plus de 90% de cette production végétale est exportée en Asie, et plus particulièrement en Chine, pour être filée et réexportée vers le vieux continent. En moyenne sur les cinq dernières campagnes (2016/17 à 2020/21) la France est confirmée comme étant le premier exportateur mondial de lin non filé avec 277 kt exportées. Une bonne partie est exportée en Belgique qui la réexporte ensuite vers la Chine.
Le processus de transformation des fibres en fil est complexe et coûteux, si bien que depuis des années la France laisse la Chine réaliser la plus importante valeur ajoutée sur les 80 % qu’elle traite, avec en plus un bilan carbone désastreux. Aujourd’hui les choses bougent et quelques marques tentent de faire revivre la filière.
« Tous les savoir-faire sont maintenant réunis dans l’hexagone pour fabriquer du textile« . C’est l’un des arguments de vente de Marion Lemaire, qui a fondé la marque de vêtement « Splice », tout en circuit court. « Mais cela coûte cher, et c’est là la limite du lin made in France. La main-d’œuvre coûte cher en France, mais plus on sera nombreux et plus le coût de transformation en France pourra baisser, » explique-t-elle.
Autre symbole visible du regain d’intérêt, l’entreprise « Safilin » qui s’était délocalisée en Pologne il y a trente ans. Elle vient de réimplanter quelques machines en France pour fabriquer le fil de lin et compte quelque 300 clients dans l’hexagone et en Europe. « Les problèmes liés au Covid ont été un accélérateur. Le plan de relance de l’économie dont on a bénéficié également » explique Alix Pollet-Dalle, directrice du pôle marque.
De son coté « Linfini » signera le retour de la première usine de filature de lin en Bretagne depuis 1891. Implantée près de Morlaix, elle devrait ouvrir en juin 2023 et employer à terme une trentaine de personnes. Un investissement industriel estimé à 10 millions d’euros, et d’ores et déjà bouclé à 90%. « Dès cette année, nous réussirons à semer 500 hectares de lin en Bretagne », précise le premier liniculteur de Bretagne . « On est très loin de la saturation du marché puisque 10 filatures de 500 tonnes chacune ne pourront absorber que 3% de la production totale française de lin » .Les deux porteurs de projet ont annoncé le démarrage de la production en novembre 2023 avec des prévisions échelonnées à 600 tonnes de lin filé en 2024, et 900 tonnes en 2027. « A terme, Linfini produira 20% du lin filé en France. ».
Parrallelement à cette filature du lin, d’autres entreprises participent à cet effort de développement comme « Eco-Technilin » qui a inventé des produits non tissés à base de fibres naturelles pour le bâti. L’entreprise Chapron Leménager, à Isigny-sur-Mer (14), commercialise depuis l’année dernière « Linelec », des clôtures en fils en lin. « Une bobine de 400 m vaut 20 euros, et avantage écologique : Le lin, dont la durée de vie est plus courte que le plastique, va pourrir sur place, sans polluer. » . De son coté « Texilis » en partenariat avec « Compositic » a développé un filament en composite de lin pour les imprimantes 3D qui intéresse beaucoup les architectes et designers, mais aussi la filière médicale. Les produits innovants sont donc l’avenir du lin. Sa fibre est presque aussi solide que celle en carbone, mais deux fois plus légère et plus souple.