Les levées de fonds ont atteint entre 3,3 et 4,8 milliards de dollars, selon les sources. Les fintechs et le Nigeria pointent toujours en tête.
Les études se suivent et se ressemblent dans le domaine de la tech africaine. Si bien des incertitudes demeurent sur les perspectives pour cette année, 2022 aura à coup sûr été une période record. C’est ce que vient de confirmer la septième étude annuelle de Disrupt Africa, portail spécialisé créé au Cap et à Londres par Gabriella Mulligan et Tom Jackson. Selon ce rapport, les startups africaines sont parvenues à lever 3,3 milliards de dollars l’an dernier, un bond en valeur de 55%. Disrupt Africa dont l’étude complète est téléchargeable gratuitement a ainsi recensé 987 investisseurs en capital (contre 771 en 2021) qui ont soutenu 633 jeunes pousses.
Le record en la matière revient à Flutterwave. La fintech née au Nigeria et basée pour partie en Californie a réalisé une levée de fonds de 250 millions de dollars mi-février 2022, poussant sa valorisation à 3 milliards de dollars. Ceci après avoir déjà levé 170 millions de dollars en 2021
L’étude de Disrupt Africa montre un intérêt croissant de grands acteurs internationaux du « venture capital » comme les Américains Tiger Global Management (qui appuie Flutterwave ) et Sequoia Capital, ou encore le japonais Softbank. Les fonds d’amorçage et autres accélérateurs ont aussi été particulièrement dynamiques. À ce titre, Launch Africa Ventures dirigé par le financier d’origine indienne Zachariah Georges, basé au Cap en Afrique du Sud, a été le plus actif avec 45 investissements au total. Il est suivi de Y Combinator (39 investissements), Flat6Labs (38), LoftyInc (31), Techstars (27), Startup Wise Guys (19) ou encore Future Africa (15).
En termes de taille moyenne des levées de fonds, celle-ci s’est établie à 5,26 millions de dollars en 2022, soit une hausse de 38 %. Le nombre d’entreprises soutenues a, lui aussi, augmenté, mais à un rythme moins soutenu (+12%).
Parmi les opérations marquantes de l’années 2022 outre Flutterwave, Disrupt Africa pointe celles sur l’entreprise nigériane de mobilité Moove (181,8 millions de dollars), la fintech égyptienne MNT-Halan (150 millions de dollars), la plateforme algérienne multi-services Yassir (150 millions de dollars), la plateforme kényane de e-commerce Wasoko (125 millions de dollars) ou encore la société tunisienne centrée sur l’intelligence artificielle InstaDeep (100 millions de dollars). Cette dernière vient pour rappel de faire l’objet, début janvier, d’un projet de rachat par le groupe allemand BioNTech dans une transaction qui pourrait atteindre jusqu’à 635 millions d’euros.
En termes de secteur, les fintechs conservent les faveurs des investisseurs avec 42% des montants levés, suivi du e-commerce (17% environ) et de la santé (6% environ).
Côté géographique, les « Big Four » (Nigeria, Afrique du sud, Égypte et Kenya) continuent de dominer largement l’activité, même si c’est à un niveau un peu moindre. La part de ces quatre pays dans les levées de fonds en valeur s’est établie à « seulement » 80,8% en 2022 contre 92,1% en 2021.
Avec des opérations comme celle sur Flutterwave, le Nigeria s’affiche toujours en première place avec 180 opérations pour un total de 976,1 millions de dollars, soit près de 30% des levées de fonds totales. Ce pays est suivi de l’Egypte (131 opérations pour 812 millions de dollars), le Kenya (91 opérations et 575 millions de dollars) et enfin de l’Afrique du Sud avec 78 start-ups soutenues pour un total de 330 millions de dollars, selon le rapport de Disrupt Africa
Pour rappel, selon une autre source, à savoir le portail Africa The Big Deal, créé par les experts du domaine Max Cuvelier et Maxime Bayen, le continent a connu plus de 1 000 levées de fonds de startups en 2022. Ces opérations, estime Africa The Big Deal, ont totalisé 4,8 milliards de dollars, soit une hausse d’environ 5%.