Nommée White Dunes, l’installation prévue à Dakhla doit combiner génération d’électricité renouvelable et production à grande échelle d’hydrogène vert. Reste à trouver les capitaux…
La promesse d’un des plus grands sites de production d’hydrogène vert en Afrique du nord… Tel est l’objectif du partenariat signé le 15 novembre dernier par Damien Havard, PDG d’Hydrogène de France (HDF Energy) et l’homme d’affaires marocain Majid Slimani, président fondateur de Falcon Capital Dakhla, le promoteur. Le groupe bordelais est devenu à cette occasion le partenaire industriel du projet dénommé « White Dunes » dans lequel il doit aussi prendre une participation minoritaire.
De très grande dimension, White Dunes doit s’étendre non loin de la côte Atlantique sur un parc énergétique de 150 000 ha près de Dakhla (1 650 km au sud de Casablanca) dans la région Oued Ed-Dahab-Lagouira, au Sahara Occidental. Sur ce site, sera réalisée l’électrolyse de l’eau de mer (préalablement désalée) à partir d’électricité verte pour produire ainsi de l’hydrogène décarboné. Celui-ci étant destiné à être vendu au Maroc ou sur les marchés internationaux.
En termes de génération électrique, le site doit combiner des centrales éoliennes et solaires qui bénéficieront de conditions naturelles favorables. L’irradiation solaire de la région compte parmi les plus élevées du monde. Quant au régime des vents, les alizés réguliers assurent un taux de charge des éoliennes de l’ordre de 40% et plus, comparable aux meilleurs sites offshores. Les électrolyseurs de grande capacité destinés à produire l’hydrogène seront fabriqués par un industriel tiers à déterminer.
Si l’horizon de cette première phase est fixé à 2028, après une mise en chantier en 2025, Whites Dunes doit encore franchir de nombreuses étapes : ingénierie de détail, appel d’offres fournisseurs, autorisations administratives et surtout levée de fonds. A ce stade, le projet dont le coût de la première tranche est estimé à 20 milliards de dirhams (1,81 milliard d’euros) n’a pas encore fait le plein d’investisseurs.
Whites Dune fait partie des nombreux mégaprojets annoncés en Afrique dans la production d’hydrogène vert par des groupes industriels miniers ou énergétiques comme récemment celui du promoteur danois GreenGo Energy, dénommé « Megaton Moon » en Mauritanie (35GW).
Ces projets nécessitent la production à grande échelle d’électricité verte à coût compétitif avec diverses options. Celles-ci comprennent le solaire en zones à forte irradiation et désertiques (Maroc, Mauritanie, Namibie, Egypte…), l’éolien (Maroc, Mauritanie, Egypte…) ou encore l’hydroélectricité de grande capacité (bassin du Congo notamment).
A ce jour l’hydrogène vert est environ trois fois plus coûteux que celui issu du reformage du gaz naturel (SMR), technologie qui compte pour plus de 95% de la production mondiale.
La demande mondiale pour l’hydrogène en 2022 s’est élevée selon l’AIE à 95 millions de tonnes (+3%). A terme, les principaux débouchés de l’hydrogène vert sont liés à des process pouvant être difficilement décarbonés dans les pays engagés vers le net zéro : sidérurgie, production d’engrais azotés, chimie, propulsion de navires (via l’ammoniac) ou de camions. Selon les scénarios de transition énergétique de l’AIE, la demande mondiale d’hydrogène pourrait atteindre 150 millions de tonnes en 2030, puis 215 millions de tonnes en 2035.
HDF Energy est en train d’investir à Blanquefort (ex-site Ford) dans une usine de piles à combustible (PAC) sur technologie Ballard. Le groupe est coté à la bourse de Paris depuis juin 2021. Il y est valorisé environ 165 millions d’euros. HDF, pour la plus grande part, développe des systèmes industriels alliant électricité verte intermittente, production d’hydrogène pour stockage, puis génération d’électricité à la demande par PAC permettant de pallier l’absence de soleil ou de vent.
Pour rappel, l’entreprise est déjà active au Maroc dans le développement du projet (encore à confirmer) « Melhy », en collaboration avec la Société de Stockage Marocaine (SOMAS). Il s’agit d’un site de stockage souterrain d’hydrogène, en cavité saline, pour permettre une production d’électricité 100% décarbonée jour et nuit intégrant des PAC issues de la future usine bordelaise.
En Afrique, HDF a dans ses cartons des projets au Zimbabwe, en Afrique du Sud, en Namibie et au Kenya. Ils s’ajoutent à ceux en cours de construction ou en développement en Europe, au Mexique, en Guyane, en Indonésie, à Chypre ou à la Barbade.