Le premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne n’est pas un pays francophone, mais une nation anglophone… il s’agit de la première économie du continent africain : le Nigeria.
En visite pendant deux jours dans la capitale économique du pays le plus peuplé d’Afrique, le ministre délégué chargé du Commerce extérieur français, Olivier Becht, accompagné d’une dizaine d’entreprises françaises, a supervisé sur place la signature de plusieurs accords importants dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie et de l’innovation technologique. « Le Nigeria est un partenaire clé pour la France. Une centaine d’entreprises françaises y sont présentes, des sociétés qui emploient plus de 10 000 personnes dans tout le pays », a-t-il déclaré.
L’acte fondateur entre les deux pays a été la visite du président Macron en 2018 et le lancement du Conseil d’affaires France-Nigeria. Depuis, le pays le plus peuplé d’Afrique (225 millions d’habitants) est devenu le quatrième partenaire commercial de l’Hexagone sur le continent, derrière le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. L’absence de passif historique entre les deux pays, loin de l’agitation anti-française en Afrique de l’Ouest sur fond de décolonisation, a fait que les échanges économiques entre la France et le Nigeria ont doublé depuis dix ans. La dynamique française est aussi visible dans les secteurs de la banque, des infrastructures et de la logistique au Nigeria et notre pays est devenu l’un des plus gros investisseurs étrangers au Nigeria. Avec plusieurs milliards d’euros investis au cours des dix dernières années par l’intermédiaire de l’Agence française de développement, la France est le deuxième plus grand créancier bilatéral du Nigeria, après la Chine.
« La France est aux côtés des Africains pour investir dans tous les domaines » a indiqué M. Becht. « Il faut, pour les entreprises françaises, continuer à être présentes et continuer à investir sur le continent. C’est bon pour le continent africain, pour les pays africains, et c’est surtout bon pour l’économie française. », a-t-il soutenu. Face à la Chine et la Russie, qui étendent leur influence sur le continent, la France « a des arguments de taille », selon le ministre. « On fait parmi les meilleurs produits au monde », « qui sont aux normes environnementales », « qui prennent en compte les populations locales » et « qui cherchent à créer de la valeur ajoutée », a-t-il expliqué.
Parmi les entreprises présentes sur place on retrouve TotalEnergies (le pays regorge de pétrole) le transporteur CMA CGM, Engie, etc… mais les Français y exportent relativement peu : 550 millions d’euros sur les douze derniers mois. « Nous pouvons mieux faire et les entreprises françaises ne peuvent pas ignorer un marché tel que le Nigeria », insiste Olivier Becht. « C’est aussi le premier PIB d’Afrique, qui compte plusieurs milliardaires, une classe moyenne émergente et un marché prometteur ».
Pour Paris l’objectif est clair : conquérir de nouveaux marchés, loin de son aire d’influence traditionnelle alors que notre pays a été contraint de se retirer du Niger, du Mali et du Burkina Faso. Certains y verront sans doute un glissement de l’influence politique vers le commerce, plus consensuel.
De son côté, le géant ouest-africain a essentiellement besoin de capitaux pour accélérer son développement et de la qualité des produits européens, face aux déboires du « made in China ».
Lors de la visite sur place d’Olivier Becht cinq accords de partenariat avec les entreprises Compagnie Fruitière/Raedial Holdings, Danone/Koolboks, Echosys/Rensource et Watt Renewables et Bpifrance/Access Bank ont été signés. Par ailleurs la banque nigériane Zenith Bank a annoncé qu’elle allait ouvrir une filiale en France, début 2024. Un protocole d’accord a été signé lors de ce déplacement. « Cette nouvelle filiale contribuera à dynamiser les relations franco-nigérianes, en permettant à de nombreuses entreprises françaises d’investir au Nigeria et aussi à plusieurs entreprises nigérianes d’investir en France. Cette décision est une étape importante dans les relations économiques franco-nigériennes et une illustration de notre amitié », a déclaré Olivier Becht.
Enfin, le ministre français du Commerce extérieur et de l’Attraction économique a déclaré que le gouvernement français souhaitait aussi approfondir les relations commerciales avec le Nigeria dans le domaine des exportations agricoles. « La France, avec son patrimoine culinaire et son savoir-faire technologique avancé, joue un rôle clé dans l’exploitation de la qualité et de la diversité des aliments sur le marché nigérian ». Il a d’ailleurs inauguré sur place une plateforme numérique baptisée « Food for Nations », initié par le groupe agroalimentaire JR Farms (qui opère principalement dans les filières manioc et café à travers le Nigeria, le Rwanda et la Zambie), visant à stimuler le commerce de produits agroalimentaire entre les deux pays en rassemblant et connectant les acteurs intersectoriels. Un responsable de JR Farms a indiqué par ailleurs qu’il avait déjà entamé des pourparlers avec la compagnie aérienne Air France pour réaliser la première livraison de produits alimentaires au Nigeria à travers la plateforme. Olivier Becht a annoncé dans la foulée que le Nigéria prendrait part pour la première fois au Salon international de l’agriculture de Paris en février prochain.