La Banque Africaine de Développement (BAD) a publié il y a quelques jours « Performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique 2024 », un rapport concernant la croissance en Afrique.
Ce rapport fournit aux décideurs politiques, aux investisseurs internationaux, et aux autres partenaires du développement une évaluation actualisée et fondée sur des données probantes des performances macroéconomiques récentes et des perspectives à court et à moyen terme du continent qui, en 2024, abritera 11 des 20 économies à la croissance la plus rapide du monde.
La croissance économique en Afrique, bien que ralentie, reste un sujet d’optimisme malgré les défis persistants. Plusieurs régions ont fait preuve d’une forte résilience au cours de ces dernières années. En effet, quinze pays du continent ont affiché des taux de croissance supérieurs à 5 % en 2023, soutenus par des facteurs tels qu’un rebond des dépenses d’investissement et une reprise du tourisme. Les projections de la BAD indiquent que la croissance devrait se redresser à 3,9 % en 2024, consolidant cette tendance pour atteindre 4,2 % en 2025. Ces chiffres placent l’Afrique comme la deuxième région du monde à la croissance la plus forte, juste après l’Asie, avec une croissance dépassant la moyenne mondiale de 3 % l’année dernière.
Pour autant, selon cette étude, la croissance moyenne du Produit Intérieur Brut (PIB) réel du continent pour l’année 2023 est tombée à 3,2 %, en baisse par rapport aux 4,1 % enregistrés en 2022 (pour se faire une idée, le secteur des services reste le principal moteur de croissance du PIB en Afrique en 2023, sa contribution est tombée à 55,6 % de la croissance contre 70,9 % en 2022). Cette baisse s’explique par une série de plusieurs facteurs dont l’inflation persistante depuis la pandémie de Covid, une dette publique importante et des vulnérabilités menaçant la stabilité macroéconomique du continent et freinant l’amélioration de sa situation budgétaire. Les incertitudes économiques persistent donc, avec des soldes extérieurs qui devraient se détériorer au cours de l’année à cause du resserrement des conditions financières mondiales. Le contexte géopolitique mondial ajoute aussi une couche de malus supplémentaire, avec des conflits en cours et la possibilité de turbulences dans les chaînes d’approvisionnement. De plus, la dépréciation continue des taux de change dans plusieurs pays africains risque de compromettre l’efficacité des politiques monétaires visant à maîtriser l’inflation nationale. Enfin, les perturbations au niveau climatique ainsi que les problèmes liés à la santé affectent, elles aussi, l’économie du continent.
Face à ces défis, la BAD recommande une série de politiques pour soutenir la dynamique du redressement économique en Afrique. Cela comprend la réorientation des politiques monétaires pour atteindre un équilibre entre la maîtrise de l’inflation et la création de conditions macroéconomiques stables favorables à la croissance. De plus, la mise en œuvre de réformes structurelles, le renforcement des institutions financières et des réformes de gouvernance seront nécessaires pour dynamiser la mobilisation des ressources et réduire les fuites de capitaux.