Considérée par de nombreux pays comme une filière stratégique, la production de poulets de chair fait l’objet de toutes les attentions de la part des gouvernements africains.
La récente crise de la grippe aviaire en Afrique du Sud, qui a engendré l’interdiction de son importation de la plupart de ses clients africains met en lumière la fragilité de la filière de la production d’œufs à la production de poulets de chair en Afrique.
Dans le viseur de la plupart des états : le poulet surgelé brésilien qui a littéralement laminé les petits producteurs avec des prix très bas qui sont le résultat d’une filière extrêmement industrialisée et intégrée au Brésil.
Face à cela, les pays africains, les uns après les autres se protègent, afin de structurer leur propre filière. On a assisté à l’émergence de Sédima au Sénégal et au développement de la filière en Côte d’Ivoire. La raison est simple : une augmentation des droits de douane sur les importations de poulet ou l’évolution de la réglementation au profit d’une production locale.
En Côte d’Ivoire où la mesure a presque 20 ans on estime entre 50 000 et 70 000 le nombre d’emplois créés durablement dans la filière. Des géants nationaux se structurent et exportent, le Sénégalais Sedima s’implante au Mali, l’Ivoirien Sipra s’implante au Burkina et les Marocains ont une politique expansionniste dans toute l’Afrique.
L’un des derniers pays à mettre une législation en place : le Bénin va interdire l’importation de poulet congelé à partir de la fin de l’année, mais la filière de production n’est pas encore tout à fait en place, car le processus est complexe. Œufs, Poussinière, élevage, abattage, première transformation, chaîne du froid… c’est toute une chaîne industrielle qu’il faut créer dans chaque pays.
A cette vitesse, personne de ne peut jouer solo. Chacun doit investir pour lui-même, mais aussi pour les autres afin de massifier la filière et de rentabiliser plus vite les investissements. Dans tous les pays, 3 points faibles peuvent ralentir le processus : la production de poussins, l’abattage et la conservation et enfin le prix final de la volaille. Sur ce premier point de production de poussin, c’est un facteur critique limitant, quand on parle de dizaine de milliers de têtes, la fourniture de poussins devient une industrie, avec un savoir-faire … qu’il faut quelques années à acquérir. Le 2ème point est l’abattage et la conservation. De nombreux pays ferment les yeux aujourd’hui, car le traitement et la chaîne du froid sont en sous-capacités presque partout, ce qui ne plaide pas pour la sécurité alimentaire de la filière.
Enfin le principal c’est le prix ! Car l’Afrique est un marché de prix ! En élevage industriel il faut avoir une filière nutrition animale stable et constante avec des quantités importantes. C’est une gageure dans des économies ou les agriculteurs produisent pour leur propre subsistance et sont dans une agriculture vivrière sur des terres très morcelées. Ceci oblige les industriels a investir dans une filière en amont pour nourrir les volailles au meilleurs coût.
En attendant, pour les Européens, les opportunités d’investissement sont nombreuses, car les attentes sont grandes. C’est une des gageures des prochaines années que de structurer cette filière pour la faire grandir.