Après plus de trois ans de négociations les deux grands ports belges d’Anvers et de Zeebruges ont annoncé leur fusion pour donner naissance au plus grand port d’exportation européen baptisé Port of Antwerp-Bruges.
Les deux ports sont très complémentaires. Anvers est très orienté sur le traitement et le stockage des conteneurs, il abrite le premier cluster chimique européen (le 2e mondial après Houston), et dessert tout un bassin d’activité économique dans un rayon proche, jusqu’en Allemagne. Zeebruges quant à lui, est spécialisé sur certains flux, comme les transbordements de gaz naturel liquéfié (GNL), les exportations de voitures neuves et le trafic « ro-ro » avec des camions embarquant sur des navires.
En fusionnant avec son voisin de 100 km, le port d’Anvers consolide ainsi ses positions sur le « range nord » et ajoute plusieurs cordes stratégiques à son arc dont le transport de gaz liquéfié (GNL). Ensemble, ils vont aligner des chiffres impressionnants: une surface totale de 14.100 hectares et près de 74.000 emplois directs et 90.000 indirects. À cela s’additionne une valeur ajoutée de 21 milliards d’euros, soit, de loin, le premier moteur économique de Belgique. Avec le complément des 47 millions de tonnes de marchandises traitées à Zeebruges, le nouvel ensemble produit désormais un total de 289 millions de tonnes exportées ou importées annuellement, soit trois fois plus que le nouveau port du Havre.
Avec cette fusion, Anvers reste également le numéro 2 du secteur, devant Hambourg, Amsterdam et Marseille Fos. L’opération lui permet de compléter sa gamme de services, et de dépasser maintes oppositions locales, dans un contexte particulièrement mouvant pour tout le commerce international.
Cependant le nouveau port est encore très loin derrière le champion Rotterdam avec son colossal trafic de 470 millions de tonnes. Plutôt que de battre sur le volume avec Rotterdam, le port of Antwerp-Bruges mise plutôt sur son évolution vers un pôle d’énergie verte. En effet, d’ici 2050, ce nouveau port vise la neutralité climatique. Le nouvel ensemble unifié ambitionne d’être un gros importateur d’hydrogène « vert » dès 2028.
Ce port mise notamment sur la croissance durable grâce à son projet Antwerp@C pour la capture, le stockage puis la réutilisation du CO2 comme matière première dans d’autres applications. À court terme, le port of Antwerp-Bruges devrait aider ses grands clients et voisins chimistes (BASF, Air Liquide, Total Energie, Shell, etc.) à liquéfier leur CO2, puis à le transporter vers des gisements gaziers vides en mer du Nord.
« Le port d’Anvers-Bruges nourrit de grandes ambitions pour devenir la porte énergétique de l’Europe en tant que « port vert » a confirmé Annick De Ridder, la présidente du conseil d’administration de Port of Antwerp-Bruges.