Selon une étude menée par « Allianz Trade » sur les défaillances d’entreprises publiée cette semaine, avec l’arrêt progressif des mesures d’aide aux entreprises partout dans le monde, les défaillances d’entreprises vont croître de 10% en 2022 et de 14% en 2023, approchant ainsi leur niveau d’avant-crise Covid-19. Dans son communiqué, le leader mondial de l’assurance-crédit souligne que l’invasion de l’Ukraine et les mesures de restriction dues au coronavirus vont peser sur la trésorerie des entreprises ainsi que sur les défaillances d’entreprises.
L’exposition des exportateurs au risque d’impayés semblent s’être récemment accrue : selon l’Allianz Trade Global Survey 2022*, 50% des exportateurs ont observés des délais de paiement plus long en 2021. Le risque d’impayés restera d’ailleurs un vrai sujet pour les exportateurs en 2022 : avant l’invasion de l’Ukraine, au total, 1 exportateur sur 3 s’attendait à une hausse des délais de paiement et à une résurgence du risqué d’impayés cette année. Suite à la guerre, et à ses conséquences sur l’économie mondiale, plus de la moitié des répondants s’attendent désormais à une résurgence du risque d’impayés en 2022, et 40% des répondants s’attendent à un rallongement des délais de paiement. En France, 49% des entreprises s’attendent désormais à une résurgence du risque d’impayés en 2022, et 33% à un rallongement des délais de paiement.
Si « Allianz Trade » s’intéresse de très prêt à ce phénomène, qui est loin d’être anodin, c’est que beaucoup d’entreprises se protègent en faisant appel à l’assurance-crédit, qui garantissait près de la moitié des 652 milliards d’euros du crédit inter-entreprises à la veille de la crise sanitaire.
L’assurance-crédit permet de garantir le règlement de sa facture à l’entreprise qui a accordé un délai de paiement à son client en cas de défaillance de celui-ci. Pour faire simple, l’assurance-crédit sert à garantir les impayés. Il s’agit alors d’une garantie que l’entreprise, quelle que soit sa taille, prend sur les créances commerciales qu’elle consent.
Le package de services et la couverture contre le risque d’impayés s’adresse tout aussi bien aux petites entreprises qui vendent à l’export qu’à celles qui officient sur le territoire français. La procédure est simple. Par un système de veille en continu, l’assureur monitore la solvabilité des clients de l’entreprise et les risques économiques de leurs pays d’implantation. Elle est donc en mesure d’alerter son client en amont et en aval d’une transaction sur un risque d’impayé éventuel.
Pour la partie créance, lorsque le délai de paiement est dépassé, l’assureur se charge d’effectuer les relances pour recouvrer et encaisser les facturations manquante, enclenche une procédure de recouvrement à l’amiable, puis judiciaire quand nécessaire. Si, malgré les négociations, la créance n’est pas récupérable, l’assuré sera indemnisé selon les modalités préalablement définies dans le contrat d’assurance-crédit (cela peut être à hauteur de 90% du montant impayé).
L’économie française est particulièrement perméable à l’assurance-crédit car les entreprises sont faiblement capitalisées et n’ont pas la trésorerie nécessaire pour financer leur fonds de roulement. Elles se financent donc au travers du crédit inter-entreprises, en jouant sur des délais de paiement à rallonge. En France une entreprise sur quatre est contrainte de fermer ses portes chaque année, en raison de l’accumulation d’impayés de la part de ses partenaires commerciaux. 80% des entreprises commerciales font face à des impayés pour des raisons diverses, et 25% des dépôts de bilan sont dus à ces défauts de paiement.
Dans notre pays, chaque année, ce ne sont pas moins de 56 milliards d’euros de factures impayées qui sont comptabilisées, soit 2% de notre PIB. Parmi ces nombreuses créances, seuls 2% d’entre elles sont récupérées. Mettant en danger la santé financière des entreprises, le reste des paiements dus mais non honorés représente un réel danger pour les petites structures… Comme les TPE fonctionnent souvent en flux tendus, le risque d’impayés contribue à leur précarisation financière et met en péril leur possibilité de croissance. Et d’autres répercussions économiques peuvent également se faire sentir :
Selon un dernier rapport de la Banque de France de début d année :
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- À fin janvier 2022, le nombre de défaillances cumulé sur un an (entre février 2021 et janvier 2022) s’élève à 27 792. Ce chiffre marque un recul du nombre de défaillances de 7,0 % par rapport à celui enregistré entre février 2020 et janvier 2021.
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- Le recul du nombre de défaillances s’observe pour la majorité des secteurs, y compris ceux les plus touchés par les mesures de restrictions liées à la situation sanitaire, dont notamment l’hébergement restauration (- 31,2 %), mais aussi l’industrie (- 8,0 %) et le commerce (-6,3 %). Quelques secteurs enregistrent une augmentation modérée des défaillances, en particulier l’agriculture (+ 6,1 %), le transport (+ 5,6 %), les activités immobilières (+ 5,5 %) et la construction (+ 3,9 %).
Pour la Banque de France il n’y a aucun signe d’une grosse vague de faillites à venir même si leur nombre devrait augmenter cette année avec la normalisation de la situation économique.
Depuis la crise sanitaire, les PME regardent l’Afrique avec plus d’attention. « Proximité géographique et culturelle, langue commune, coût de transport moindre, maturation du marché africain, professionnalisation des acteurs économiques… Les atouts du continent sont nombreux pour implanter des unités de production et rapprocher sa chaîne de valeur face à une Asie jugée aujourd’hui moins attrayante« . Mais les risques politiques et d’impayés continuent de les inquiéter. Pour Pédro Novo, directeur exécutif chargé de l’export chez « Bpifrance », «L’Afrique provoque chez les patrons de PME un effet ciseaux. Les entreprises sous-estiment son potentiel et en surestiment le risque ».
*Pour découvrir l’étude intégrale : Allianz Trade Global Survey 2022