Comment les agriculteurs peuvent-ils associer rentabilité économique et méthodes de culture écologiques ? Les robots agricoles autonomes pourraient être une solution prometteuse.
Alors que le plan d’investissement France 2030, qui prévoit de mobiliser 30 milliards d’euros sur cinq ans, va réserver une petite partie de ces financements pour un appel à projet pour le développement d’agroéquipements automatisés et intelligents, différentes entreprises n’ont pas attendu la crise sanitaire pour se pencher sur le sujet. C’est le cas dans la région toulousaine de Naïo Technologies. Plusieurs exemplaires de ses robots autonomes et électriques (Ted son robot enjambeur viticole, Dino son robot de désherbage de légumes en planche, ou Oz l’assistant agricole pour les tâches chronophages et pénibles) sont depuis plusieurs années dans les champs de France et d’Europe et la PME a participé au dernier CES de Las Vegas dans l’espoir de conquérir le marché nord-américain.
Basés eux aussi à Toulouse, la capitale de l’aéronautique et du spatial, les ingénieurs d’Agreenculture ont pu bénéficier du soutien actif du CNES, le Centre national d’études spatiales. La PME toulousaine fondée en 2016 vient d’annoncer avoir signé un accord de partenariat renforcé et de prise de participation avec Pellenc, le spécialiste mondial de l’équipement agricole. Le constructeur devant « actionnaire référence » de la start-up, en précisant que l’équipe fondatrice reste majoritaire et continuera d’assurer la direction de l’entreprise. Agreenculture est concentrée sur le développement d’une solution logicielle qui peut rendre autonome n’importe quel engin agricole. Une solution sous forme de boîtier blanc, permettant l’automatisation de certaines machines. la start-up qui emploie une quarantaine de salariés (80 % en R & D) veut ainsi profiter des réseaux de production et de distribution du groupe Pellenc pour accélérer l’industrialisation et la commercialisation de ses robots. Destiné à l’entretien des vignes larges, c’est le chenillard interligne autonome CEOL qui sera le premier à profiter de cette union.
CEOL, piloté au millimètre près par un GPS connecté à plusieurs constellations de satellites, équipé de chenilles, peut ainsi tracter n’importe quel outil d’entretien de parcelles, pour labourer ou désherber par exemple, sans surveillance humaine locale. Comme les voitures autonomes de Google, ces robots des champs font appel à un système de guidage par satellite, ce qui rend précis et fiable leur déplacement sur la surface à traiter.
« CEOL est une solution agricole permettant d’entretenir les rangs et inter-rangs des vignes. » explique son concepteur Christophe Aubé. « Une journée de 8H de conduite de tracteur se transforme en 2H de gestion CEOL, un gain de temps inestimable pour les viticulteurs, d’autant plus qu’il est autonome et qu’il ne nécessite aucune présence humaine. Par ailleurs, son système de motorisation divise par 4 la consommation de gasoil par rapport à un tracteur qui effectuerait les mêmes tâches.« . Ainsi, en se substituant avantageusement à la main de l’homme, ces robots rendent envisageable l’abandon d’intrants chimiques pour contribuer à une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Pour les mêmes raisons, ces véhicules sont également censés faire gagner du temps aux agriculteurs déjà engagés dans une démarche de culture durable.
« Près du tiers des vignobles seraient robotisables en France » affirme Jean-Marc Gialis le DG de Pellenc, « ce qui nécessiterait 6.000 à 7.000 robots tracteurs. Nous nous concentrons essentiellement sur les tâches répétitives comme le travail du sol ou la pulvérisation confinée. Nous envisageons aussi d’automatiser la prétaille, voire la taille » .