Le sultanat de la région du Golfe vient de créer un véhicule financier doté de 5 milliards d’euros Il cible les porteurs de projets internationaux et les PME.
Les investisseurs intéressés pour développer des projets à Oman pourront désormais soumettre leur proposition en ligne ! Cette mesure est l’une des dispositions qui accompagnent la création d’un nouveau fonds d’investissement dans le sultanat de la péninsule arabique.
Dénommé « Future Fund », le fonds est doté de 2 milliards de rials omanais (5 milliards d’euros). Dans sa première phase, il pourra investir 400 millions de rials par an (970 millions d’euros). Ce véhicule d’investissement cible un grand nombre de secteurs, à l’exclusion du pétrole et du gaz ainsi que de l’immobilier. Les huit domaines privilégiés sont le tourisme, l’industrie et la production d’énergie verte, les technologies de l’information, les services portuaires et logistiques, l’exploitation minière, la pêche et les filières agricoles et alimentaires. Il est placé sous la tutelle de l’Oman Investment Authority (OIA) présidée par Abdulsalam Al Murshidi avec pour cible privilégiée celle des entreprises internationales.
Lancé le 17 janvier dernier à Mascatte, Future Fund Oman consacrera 90% de son capital à des projets nouveaux ou existants d’entreprises nationales ou étrangères. Sur les 10% restants, 7% seront alloués aux PME et 3% aux startups. Les tickets d’investissement se situent dans une fourchette très large de 5 à 100 millions de reals (12 à 242 millions d’euros).
Le fonds sera géré « avec les meilleures pratiques internationales pour garantir efficacité et flexibilité afin d’atteindre les objectifs financiers et économiques visés« , selon l’OIA. Il complétera le système de financement et de couverture des investissements déjà fourni par le gouvernement du pays à travers la Banque de développement d’Oman, le Portefeuille des petites entreprises, le Fonds Rakiza et le Fonds technologique d’Oman.
Selon l’Oman Investment Authority, « les financements seront effectués par le biais d’un financement direct au coût du marché [dette NDR] ou par le biais de partenariats capitalistiques avec le secteur privé ».
Les investissements dans les PME et les startups seront pilotés par différents acteurs de l’écosystème local : Tanmia (Oman National Investments Development Company), ITHCA (ex- Oman Information and Communication Technologies Group), l’opérateur Omantel) ainsi que par le gestionnaire de fonds omanais Cyfr Capital.
A noter qu’avant le lancement de Future Fund, le sultanat disposait depuis 2020 d’un fonds souverain plus classique, créé par fusion d’entités préexistantes et alimenté notamment par les revenus du pétrole. Nommé Oman Investment Authority, celui-ci investit dans différents actifs internationaux, détient des participations dans des entreprises publiques et privées et finance différents projets du pays. Son actif total a atteint 46,6 milliards de dollars en 2022 avec un rendement de 8,8%. Il est divisé en deux compartiments : le Fonds national de développement et le Fonds pour les générations futures.
Le nouveau projet financier s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de développement Vision 2040 qui entend diversifier les sources de revenus du pays à côté du secteur pétrolier qui, selon l’OMC, pèse 26,2% du PIB, 60% des exportations et contribue aux trois quarts du budget de l’État.
A cette fin, le sultanat a aussi créé ces dernières années plusieurs zones économiques spéciales, dont la plus grande (1700 km2) est SEZAD (Special Economic Zone at Duqm) qui comprend notamment le port de Duqm (récemment mis au centre de l’actualité dans le cadre d’une coopération contestée avec le port de pêche de Lorient).
Peuplé de 4,6 millions d’habitants, Oman, bien que son économie soit solide, affiche le plus faible niveau de PIB par habitant du Conseil de coopération du Golfe. A 21 960 dollars per capita, il est par comparaison 2,2 fois inférieur à celui des Emirats arabes unis.
Le pays dirigé depuis 2020 par le sultan Haïtham ben Tariq, après les 50 ans de règne de son prédécesseur et cousin, Qabus ibn Saïd, devrait connaître cette année une croissance du PIB de 2,7%, selon le FMI, un niveau légèrement inférieur à la moyenne de la région.