L’institution financière basée à Lagos bat tous ses records, tant en matière d’investissements que de mobilisation de capitaux.
Avec tous ses indicateurs, ou presque, à la hausse, l’exercice 2023 s’affiche comme un cru exceptionnel pour Africa Finance Corporation (AFC). De fait, l’institution panafricaine présidée depuis 2018 par le Nigérian Samaila Zubairu, a battu tous ses records l’an dernier en termes de financement, ce dont témoigne le total de ses actifs qui a atteint 12,34 milliards de dollars, soit une hausse de 17,3 %, dépassant l’objectif stratégique visé à horizon 2026.
Il faut dire que AFC, qui opère principalement dans les infrastructures, l’énergie, les transports, les mines, l’agroalimentaire, l’industrie et la transition énergétique, a été sur tous les fronts. Active dans 36 pays africains, l’institution a notamment lancé en septembre 2023 la mise en exploitation de Red Sea Power, le premier parc éolien de Djibouti, dont elle est le principal partenaire (51% des parts). Elle s’est aussi affirmée comme un acteur de référence sur le projet d’allongement du corridor ferroviaire de Lobito qui, en Angola, relie l’Atlantique à la RD Congo. Avec le soutien des États-Unis, de l’Union européenne et des gouvernements de l’Angola, la RD Congo et la Zambie, AFC a été choisi, fin 2023, pour être le développeur unique du projet d’extension vers la Zambie de cette infrastructure de fret majeure pour la Copperbelt.
L’an dernier, AFC a également lancé ou préparé avec Arise IIP des projets de zones économiques spéciales dans 10 pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, dans le domaine de l’agroalimentaire, du textile et de la valorisation des minéraux.
Dans un autre domaine, en février 2024, l’institution a conclu un accord de développement conjoint avec l’opérateur canadien de renouvelables SkyPower Global pour la première phase du projet photovoltaïque « Green Giant en RD Congo ». Cette phase initiale de 200 MWc doit faire désormais l’objet d’un accord d’achat d’énergie avec la Société nationale d’électricité (SNEL) congolaise. Pour rappel, AFC était devenu en 2023 le premier opérateur africain dans le domaine des renouvelables avec l’acquisition réalisée conjointement avec le fonds d’Abu Dhabi Masdar (via leur société commune Infinity Power) du groupe Lekela Power (1,3 GW de capacité).
Bref, à côté des institutions internationales, des banques sous-régionales de développement (BOAD, BDEAC, TDB…) ou d’autres institutions africaines comme Afreximbank (elle aussi très dynamique actuellement), AFC s’affirme comme un acteur clé du financement sur le continent pour les projets privés et autres PPP.
Créée en 2007 sous l’impulsion de la Banque africaine de développement et de dizaines d’États africains, dont un fort soutien du Nigeria, Africa Finance Corporation a été imaginée pour partie sur le modèle de la SFI, la filiale de la Banque mondiale vouée au secteur privé.
Les interventions d’AFC, dont le directeur exécutif et directeur des investissements est depuis février 2021 l’Egyptien Sameh Shenouda, couvrent tout le spectre du financement : prises de participation, dettes à moyen terme, financement de projets, facilités de crédit, etc…
Sa structure capitalistique diffère toutefois de celle d’autres institutions financières de développement. Si le capital d’AFC est détenu à hauteur de 48% par des Etats africains, des acteurs financiers, en bonne partie des banques nigérianes, contrôlent 45% de son capital, le solde se répartissant entre des fonds de pension africains (CNPS ivoirienne, Mauritian National Pension Fund…) et des institutions multilatérales. Avec le renfort récent de l’Éthiopie, du Burundi et de São Tomé et Príncipe, elle compte aujourd’hui 43 États membres. A noter que, fin 2023, AFC a accueilli Türk Eximbank comme premier actionnaire non-africain.
En termes de ressources, AFC vient aussi de se distinguer. La société a réussi en mars 2024 une des plus grosses levées de fonds jamais réalisées par une institution financière de développement en Afrique, ceci, à travers une émission obligataire de 1,16 milliard de dollars souscrite par des investisseurs et banques de premier plan du Golfe, de Chine ou du Japon. Elle a aussi notamment levé des fonds ces 18 derniers mois auprès de la BAD (400 millions de dollars en lignes de crédit) ou encore de la Cassa Depositi E Prestiti italienne (près de 50 millions d’euros). Quant à sa filiale de gestion d’actif, AFC Capital Partners, qui gère le fonds dédié aux infrastructures vertes ICRF (Infrastructure Climate Resilient Fund), elle avait reçu en mars 2023 un engagement de financement de 240 millions de dollars du Fonds vert pour le climat des Nations Unies.
Dans ce contexte porteur, AFC vient d’annoncer pour l’exercice 2023 un résultat net global en hausse de 14,6 % à 327 millions de dollars, ainsi qu’ un rendement de ses capitaux propres moyen de 11 % légèrement en deçà de celui de 2022 (12,1 %).
Enfin, alors que ses projets foisonnent, Africa Finance Corporation a annoncé le 12 avril dernier, la création d’un département de mobilisation de capitaux et de partenariats (CMP) au sein de sa direction financière, avec pour but de consolider les ressources financières, les alliances stratégiques et les engagements des pays envers l’AFC. On ne prépare jamais trop l’avenir!