Face à l’accélération des exigences environnementales et règlementaires du transport maritime*, plusieurs projets s’octroient le titre de futur 1er cargo à voile au monde. Deux d’entre eux sont français et annoncent déjà la mise en service de leur bateau dès 2025. C’est le cas du Nantais Neoliner, et de la coopérative « propriétaire et militante » basée à Lorient Windcoop.
Le premier navire Windcoop, long de 85 mètres, La surface de voilure sera de 2 340 mètres carrésa été optimisé pour atteindre les meilleures performances de navigation à la voile. Il sera opérationnel sur une première ligne France-Madagascar, qui devrait ouvrir en 2025. Il sera capable de transporter 100 conteneurs de 20 pieds (1400 tonnes de marchandises transportées par trajet) tout en réalisant 90% d’économies d’énergie sur une route transatlantique. Le voilier mesurera 89 mètres et mettra 30 jours pour relier l’Europe et l’Afrique, à la vitesse de 8 nœuds. Les responsables du projet expliquent le tracé : « Nous avons choisi de tracer une ligne qui dessert Toamasina , mais aussi 5 autres ports secondaires de Madagascar, afin de nous rapprocher de nos clients. Cette stratégie permet de désenclaver et redynamiser les territoires, d’impliquer la population locale, mais aussi de limiter les transports terrestres ». Ce cargo Windcoop sera le premier d’une longue série car la coopérative souhaite développer une flotte de navires bas-carbone pour répondre aux enjeux du transport international. Ces navires innovants propulsés en majeure partie par l’énergie du vent (inépuisable, propre et gratuite) contribuent à développer un transport moins polluant. Structuré en coopérative, Windcoop propose à chacun, particuliers, entreprises et collectivités, de devenir sociétaire afin de proposer un nouveau modèle de compagnie maritime, la seule compagnie maritime composée de milliers d’armateurs « dont l’intelligence collective permettra de développer un nouveau modèle de transport de marchandises durable, performant et réaliste« . Le projet a déjà réuni plus de 1000 membres et a levé plus de 4 millions.
Pour lancer son cargo à voiles de marine marchande nouvelle génération, Neoline s’appuiera sur un groupe de partenaires français (CMA CGM, ADEME Investissement, Corsica Ferries, Louis Hardy S.A.S, la Banque des Territoires et la Région Pays-de-la-Loire). Construit par le chantier naval turc RMK Marine, le navire sera long de 136 m, doté de deux mâts en carbone rabattables de 76 m de haut et de plans anti-dérives rétractables. Il sera principalement propulsé par ses 3 000 m² de surface de voilure. Opéré à une vitesse commerciale de 11 nœuds, Neoliner devrait permettre de réduire de 80 % à 90 % les émissions de gaz à effet de serre (par rapport à un navire de taille comparable) et de quasiment supprimer les émissions de SOx (oxydes de soufre), NOx (oxydes d’azote) et de particules. Sa capacité de chargement sera de 1 200 m linéaires (2,8 m de large) ou 265 conteneurs 20 pieds pour une masse maximale de 5 300 tonnes de marchandises. A l’origine du projet Neoliner se trouve l’engagement d’un groupe d’officiers de la Marine Marchande avec la même conviction que la voile de travail est la seule solution vraiment sobre, immédiatement disponible et suffisamment puissante pour propulser des navires de charge. Le premier Neoliner devrait être mis en service mi-2025 sur la ligne pilote transatlantique reliant Saint-Nazaire à Saint-Pierre-et-Miquelon, Halifax et Baltimore. L’objectif est de desservir cette ligne avec deux navires de façon à permettre deux départs par mois.
Au côté de ces deux projets, d’autres opérateurs pourraient, eux aussi, créer la surprise. TOWT à Brest, qui prévoit une mise à l’eau cette année, Canopée qui a prévu 11 rotations par an entre l’Europe et la Guyane, mais aussi Grain de Sail avec un voilier plus modeste et une capacité d’emport de 350 tonnes, ou Seawing et son aile de cerf-volant.
*Le transport maritime qui représente à lui seul 7% de la consommation mondiale de pétrole est tout particulièrement concerné par la réduction des émissions polluantes et à effet de serre, et ce, d’autant plus que les carburants utilisés à ce jour sont très polluants notamment en raison de leur teneur en dioxyde de soufre (SOX). Les acteurs internationaux du transport Maritime Conventionnel se sont engagés à réduire les émissions CO2 du secteur de 50% à l’horizon 2050.