Dans la ligne d’un exercice 2022 encore morose, surtout sur les derniers mois, le marché mondial du fret aérien a démarré l’année en méforme. La demande, mesurée en tonnes-kilomètres de fret (CTK) a chuté de 14,9 % en glissement sur un an comparée à janvier 2022, selon les données publiées le 7 mars par I’ATA, l ‘association du transport aérien international. Cette chute est même de 16,2 % pour les seules opérations internationales. La zone en plus fort recul est l’Europe qui plonge de 20% ce mois de janvier en raison des perturbations liées à la guerre en Ukraine et de l’inflation. La seule zone en croissance est l’Amérique latine (+4,6%), l’Asie étant à -19% et l’Amérique du Nord à -8,7%. Le taux de charge moyen (capacités employées) s’affiche lui, au plan mondial, à 44,8% seulement.
Cette tendance confirme les prévisions émises, début février, par Willie Walsh, le directeur général de I’ATA. Selon lui « face aux incertitudes politiques et économiques considérables, les résultats (…) ont décliné comparativement aux extraordinaires niveaux de 2021(…). Les mesures continuelles mises en place par les gouvernements pour combattre l’inflation en ralentissant les économies devraient provoquer le déclin des volumes de fret en 2023. On prévoit une baisse de 5,6 % par rapport à 2019« . Toutefois, les chargeurs ne doivent guère s’attendre à des baisses du prix. Selon Willie Walsh, « il faudra du temps avant que ces mesures n’affectent les tarifs du fret ».
Depuis Genève, son siège, l’association du transport aérien constate une dynamique actuelle défavorable du commerce mondial des biens qui a reculé en décembre (-3% en glissement) pour le deuxième mois consécutif (-1,5% en novembre), ce qui constitue une rupture. En effet, l’évolution du commerce international était demeurée en territoire positif depuis fin 2020. L’indice PMI mondial, indicateur clé dans les prévisions du fret, reste, lui, sous la barre des 50.
La faiblesse du marché aérien de début d’année contraste avec une certaine reprise des capacités disponibles. Du fait de la croissance du trafic passager, d’où est issu une grande part des capacités de fret, l’offre (en tonnes-kilomètres de fret disponibles) a augmenté de 3,9 % en janvier dernier comparé à janvier 2022. Même si à l’inverse les transporteurs spécialisés dans le cargo (DHL, Fedex, Cargolux…) ont réduit leur offre ce début d’année.
Concernant l’ensemble de 2022, dans ses statistiques publiées début février, I’ATA avait livré un état contrasté du marché mondial. Après la forte reprise, quasi mécanique, en 2021 le rythme de croissance s’est inversé en 2022. La demande globale a chuté de 8% sur un an.
L’année passée a fini toutefois à un niveau proche de la situation pré pandémique en termes de demande, à -1,9% comparée à 2019.
A titre d’illustration, Air France KLM, dont le chiffre d’affaires 2022 du fret a reculé de 2,4 % à 3,5 milliards d’euros, a confirmé récemment ces tendances lors de l’annonce de ses résultats le 17 février. Selon le groupe : « le ralentissement de la croissance du commerce mondial et le rebond partiel du fret maritime ont entraîné une baisse de la demande de fret aérien à partir du deuxième trimestre. Le trafic [cargo de la compagnie] a diminué de 14,5 % et la recette unitaire [par tonne kilomètre] a diminué de 16,7 % en raison également d’une baisse du yield« .
Dans ce contexte, I’ATA prévoit malgré tout une croissance du chiffre d’affaires du trafic cargo et des entreprises du secteur en 2023.