Voici un financement qui intervient dans un contexte où l’Egypte traverse une crise de pénurie de devises et où la plupart des armateurs ont récemment décidé de se passer du canal de Suez, quitte à faire le long détour par le cap de Bonne-Espérance, pour éviter les tirs en mer Rouge en provenance des territoires du Yémen contrôlés par les Houthis visant des navires de commerce. Alors qu’en quelques jours à peine le corridor Est-Ouest aurait déjà perdu un tiers de son trafic habituel, le pays qui subit le plus directement les conséquences de cet arrêt du trafic est l’Egypte qui perçoit des droits de passage dans le Canal de Suez. Cela lui a rapporté sur la dernière année fiscale 8,6 milliards d’euros. Les ports égyptiens de la Méditerranée traversent, eux aussi, une période de perturbations oubliée depuis 2021. Des terminaux de transbordement aussi significatifs que Tanger, au Maroc ou Damiette, en Egypte, s’attendent à une chute de 40 % de leurs nombres d’escales au deuxième semestre.
Bénéficiant d’une situation géographique stratégique en Méditerranée orientale, ce port de Damiette (200 km au nord-est du Caire) a été classé 7e port africain le plus performant en 2022. Constituant un point de transit important pour les routes commerciales entre l’Europe et l’Asie, il va pouvoir bénéficier d’un second terminal à conteneurs (Tahya Misr 1) dans le but de tripler sa capacité d’ici 2025. L’information a été confirmée il y a quelques jours, « L’enveloppe financière comprend 125 millions de dollars de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), 120 millions de dollars la Société financière internationale (SFI), 100 millions de dollars de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII), 60 millions de dollars de l’institution allemande de financement du développement DEG et 50 millions de dollars de Proparco ». Le nouveau terminal ultramoderne servira également de plate-forme de transbordement pour les opérations de Hapag-Lloyd (cinquième armateur mondial de transport maritime en conteneurs) en Méditerranée orientale. Alors que la construction des infrastructures est actuellement en cours, l’équipe de direction de DACT est déjà engagée à Damiette.
L’Egypte possède quelques-uns des ports les plus importants du continent qui représentent une source cruciale de devises étrangères, c’est pourquoi le pays vise à augmenter les volumes annuels de fret à 400 millions de tonnes d’ici 2030. Ce nouveau terminal devrait par ailleurs fournir au marché égyptien plus de 80.000 emplois directs et indirects d’ici 2038.