La succession de trous d’air et de phases ascensionnelles se poursuit pour le fret aérien. Après le niveau record atteint en 2021, année de relance post-covid, puis une glissade en 2022 sur fond de guerre en Ukraine, le marché mondial « cargo » s’est encore légèrement effrité sur l’ensemble de 2023 mais avec une forte reprise enregistrée au mois de décembre. Tels sont les enseignements des dernières données dévoilées fin janvier par IATA, l’association mondiale du transport aérien.
Dans le détail, la demande mondiale mesurée en tonnes-kilomètres de chargement (CTK), s’est inscrite en recul de 1,9 % l’an dernier (-2,2 % pour les opérations internationales). « Si on compare à 2019 [année pré-Covid de référence – NDR], la demande restait inférieure de 3,6% », note IATA qui se félicite toutefois que 2023 se termine près du niveau de 2022. Concernant le seul mois de décembre, en termes de volume, le fret aérien a bondi de 10,8 %, soit la plus forte croissance enregistrée ces deux dernières années. Les régions Asie Pacifique et Moyen-Orient ont, sur ce mois de décembre, enregistré les plus fortes hausses en termes de CTK (supérieures à 18 %), l’Europe restant sous la moyenne (+8,6).
Concernant les perturbations sur les routes maritimes de la mer Rouge (attaques des rebelles yéménites Houthis), IATA estime que ces tensions « ont amené certains chargeurs à se tourner vers le fret aérien ». Cette situation s’est traduite par une augmentation de 1% du trafic mondial du fret, ainsi qu’une hausse des taux de charge de 5 %. Une hausse similaire est prévue pour janvier avec l’intensification des perturbations.
Plus largement, selon Willie Walsh, Directeur Général de l’IATA, « l’important redressement observé au dernier trimestre montre que les marchés se stabilisent et se dirigent vers des schémas de demande plus normaux. Cela place l’industrie sur de solides bases pour 2024. Mais avec l’instabilité (…) géopolitique et économique, il ne faut rien tenir pour acquis pour les mois qui viennent« .
En termes de capacités disponibles, indicateur qui dépend en bonne partie de la vigueur du trafic passagers, actuellement bien orienté, l’offre (tonnes-kilomètres de chargements offerts ou ACTK), était supérieure de 11,3 % l’an dernier à celle de 2022 et de 2,5 % comparé à 2019. Dans ce contexte, le niveau de charge cargo des compagnies aériennes s’est dégradé à 45,9% (-1,2 point en glissement annuel) pesant sur les taux de fret.
Selon les dernières prévisions économiques concernant les compagnies aériennes, publiées en décembre dernier, IATA prévoit un volume total de tonnes transportées de 61 millions de tonnes en 2024 contre 58 millions de tonnes en 2023. Toutefois, en raison du niveau des taux de fret, le chiffre d’affaires global du secteur devrait chuter à 111 milliards de dollars en 2024, contre près de 134 milliards de dollars l’an dernier… Bien loin des 210 milliards de dollars atteints en 2021.