Du début à la fin, l’année dernière aura été une année difficile pour les transporteurs routiers. Selon les derniers chiffres du Service des données et études statistiques (SDES) après trois trimestres de baisse, l’activité de transport routier intérieur de marchandises a également baissé légèrement au quatrième trimestre 2023 (- 7,7 % par rapport au quatrième trimestre 2022).
Sur ce quatrième trimestre 2023, 40,2 milliards de tonnes-kilomètres ont été parcourues sur le territoire national par les poids lourds du pavillon français. Sur l’ensemble de l’année, les tonnes-kilomètres s’affichent ainsi en repli de 3 % relativement à 2022. Certes, le recul observé sur la deuxième partie de l’année 2023 est moins marqué qu’aux premier et deuxième trimestres 2023 mais l’ambiance est loin d’être au beau fixe chez les transporteurs routiers.
Pour Christophe Marques Délégué aux affaires économiques et fiscales de l’Union TLF (Union des Entreprises de Transport et de Logistique de France) « Cette mauvaise année pour les transporteurs s’explique en premier lieu par la faiblesse de la consommation des ménages. Suivant les derniers chiffres de l’Insee, les achats alimentaires en volume se sont repliés de 4,4 % en 2023 et ceux de biens manufacturés, hors automobiles (et autres matériels de transport), de 1,2 %. La croissance économique française a été de seulement 0,9 % en 2023, or les historiques de données nous indiquent que lorsque le PIB progresse de moins de 1 %, les transporteurs routiers de marchandises sont généralement en baisse ou, au mieux, en stagnation. L’année 2023 n’y a pas dérogé. »
Une autre raison de cette baisse d’activité pourrait être la forte hausse des coûts des transports routiers en 2022 et 2023 (cf. la note TLF sur les données du Comité national routier) mais pour Christophe Marques cette corrélation devrait être limitée « la demande de transports est déterminée en premier lieu par la dynamique économique générale du pays… et l’économie française ne peut pas se passer de transports pour fonctionner et pour croître. De plus, les modes alternatifs à la route restent plus onéreux. »
« Difficile de dire s’il y a eu une baisse ou non du nombre de clients. Une chose est sûre : les volumes de transport ont baissé, mais cela peut se produire avec un nombre de clients constant. A noter toutefois la vague de défaillances d’entreprise qui touche tous les secteurs. Certains clients ont donc bien pu disparaître. A l’échelle nationale, leur activité, et donc leur demande de transports, devrait être, au moins en partie, récupérée par les concurrents. »
De leur coté les effectifs du transport routier de marchandises (TRM) stagnent toujours, voire reculent légèrement. Fin 2023, le secteur employait 429 400 salariés (cvs), soit 0,7 % de moins qu’en fin d’année précédente. Les perspectives d’emploi, relevées par l’Insee en ce début d’année, restent moroses. De plus, la vague des défaillances est encore présente. D’après le cabinet Altares, 486 entreprises du TRM ont fait l’objet d’une procédure collective au 1er trimestre 2024, soit 34 % de plus que l’année précédente. Tous secteurs d’activité confondus, cette hausse est de 19 %.