Un cinquième de la population mondiale vit en Afrique alors qu’à ce jour, seuls 3 % des investissements mondiaux dans l’énergie y sont réalisés… C’est ce que révèle un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié il y a quelques semaines.
Le continent est actuellement confronté à un double défi énergétique. D’une part, l’Afrique doit doubler le niveau d’investissements dans le secteur énergétique d’ici 2030 pour répondre aux besoins de sa population croissante alors que 600 millions d’africains attendent encore de bénéficier d’un accès à l’électricité. D’autre part, pour lutter contre le réchauffement climatique, ces investissements doivent être réorientés vers des sources d’énergie plus propres et durables (solaire, éolien…) plutôt que vers l’extraction et l’exportation d’énergies fossiles pourtant très présents dans son sous-sol*.
Selon les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) l’investissement mondial dans l’énergie sur le continent ne représente que 71 milliards d’euros. La faiblesse de ces investissements s’explique notamment par le coût du capital qui peut être deux à trois plus élevé en Afrique, par rapport à l’Europe, d’où la nécessité, selon ce rapport coréalisé avec la Banque africaine de développement (BAD), d’améliorer l’accès aux capitaux et d’alléger les coûts de financement.
De plus, le rapport souligne que le coût du capital pour les projets d’énergie propre à grande échelle sur le continent est au moins deux à trois fois plus élevé que dans les économies avancées et que, de fait, cela empêche les investisseurs de se lancer dans des projets commercialement viables susceptibles de fournir des solutions énergétiques abordables.
« Fournir une énergie moderne à tous les Africains nécessitera près de 25 milliards de dollars de dépenses par an jusqu’en 2030« , indique le rapport.
Malheureusement le besoin d’augmenter ces investissements dans l’énergie en Afrique survient alors que les finances publiques de nombreux pays africains sont sous pression, et que suivant la situation macroéconomique ou politique des pays, de nombreux investisseurs ont l’impression que les projets en Afrique sont beaucoup plus risqués. L’AIE estime qu’un un soutien des institutions financières internationales pourrait permettre des prêts à des taux plus favorable et que parallèlement aux institutions étrangères et nationales « cela nécessitera un engagement fort de la part des secteurs public et privé ». Selon un scénario publié dans ce rapport, d’ici 2030, le secteur privé pourrait être appelé à financer plus de la moitié des investissements énergétiques en Afrique, contre un peu plus de 40 % cette année.
*dans un autre rapport publié cet été par l’AIE, la demande mondiale de pétrole a atteint des sommets records cet été alors que l’offre mondiale de pétrole a chuté de 910.000 barils par jour pour atteindre 100,9 mb/j en juillet, permettant ainsi aux pays producteurs de faire évoluer leurs recettes à la hausse.