Le groupe d’équipement de soudage et chargeurs de batterie présent dans 120 pays fait une revue de ses risques chaque année. Et joue la carte de l’assurance crédit.
Pour mesurer ses risques en début d’exercice, Bruno Bouygues, patron de la société GYS qu’il a repris avec son père voilà 20 ans, a sa méthode bien à lui. Avec la direction export, il découpe le monde en 27 tranches. Des tranches qui correspondent aux principaux marchés sur lesquels cette ETI de 730 salariés, spécialisée dans les équipements de soudage et de charge de batterie, est présente.
« Nous avons une présence dans 120 pays, mais une ETI a des moyens limités, par exemple en terme de voyages commerciaux. Il faut les utiliser au mieux », estime Bruno Bouygues qui veut faire passer l’activité à l’international à 70% des ventes d’ici à 5 ans contre 50% aujourd’hui.
L’idée, pour l’entreprise d’environ 100 millions d’euros de chiffre d’affaires et qui a crû de 13% l’an dernier, est de définir un perception du risque sur chaque zone, ceci afin d’établir un budget crédible, des priorités ou au contraire de pointer des régions moins pertinentes en terme d’effort commercial.
L’Afrique est, par exemple, divisée en six zones avec, pour chacune, sa notation en fonction de l’analyse des pays des assureurs crédit, des articles de presse, et aussi des informations recueillies par les collaborateurs sur le terrain.
A l’heure du tout numérique, « le renseignement humain, les échanges sur un salon, ceux avec des clients ou des fournisseurs restent précieux pour établir cette cartographie », estime Bruno Bouygues dont la principale usine est basée au siège près de Laval (Mayenne) mais qui dispose aussi d’une usine en Chine.
Un élément clé aussi est, tout simplement, l’évolution macro-économique des pays. « On ressent depuis quelque temps, par exemple, un ralentissement en Turquie, en Arabie Saoudite et plus largement au Moyen-Orient », relate Bruno Bouygues.
«A partir de tout cela, nous évaluons, poursuit-il, différents scénarios sur le risque souverain, les tensions militaires ou encore les taux de change ». Sur ce dernier point GYS, a choisit, par exemple, de recapitaliser sa filiale britannique pour lui donner d’avantage d’autonomie financière et réduire le risque livre sterling – euro dans la phase troublée du Brexit.
Pour ce qui est du risque crédit, l’entreprise basée près de Laval en Mayenne joue la prudence. Même si elle fut plus aventureuse, désormais, elle couvre ses activités export par l’assurance-crédit avec la Coface, Euler Hermes ou encore Creditreform pour la filiale d’ingénierie en Allemagne. « Il n’est pas possible d’avoir une connaissance détaillée de la santé de chaque client, nos partenaires assureurs-crédit apportent cette information précieuse », expose Bruno Bouygues qui s’étonne du manque de transparence de certains prospects vis-à-vis des assureurs crédit.
Enfin, outre le risque de rupture technologique, parmi les risques internationaux diffus, mais de plus en plus pesants, le groupe note une évolution accélérée des normes et règles administratives dans de nombreux pays. « Sur ces sujets, GYS a atteint une taille critique en terme de compétences, mais la complexité ne cesse de croître », conclut Bruno Bouygues.
Pierre-Olivier ROUAUD
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