L’Association des Utilisateurs de Transport de Fret (AUTF) a récemment présenté sa nouvelle édition du baromètre de perception des chargeurs sur le transport ferroviaire et combiné en collaboration avec Eurogroup Consulting. L’étude vise à évaluer les critères de choix des industriels et distributeurs en matière de transport, la qualité de service perçue, ainsi que la lisibilité de l’offre, ou l’impact des questions environnementales sur les décisions d’achat de transport.
La Commission Douane et Commerce International de l’AUTF produit pour la première année un baromètre pour prendre la mesure de l’état d’esprit des Directeurs douane des chargeurs. Sur la base d’un panel de 250 chargeurs, interrogés entre décembre 2023 et février 2024 il apparait que la qualité de la relation avec l’administration des douanes est plutôt satisfaisante.
Dans le questionnaire sur les ports, près des deux-tiers des chargeurs saluent l’amélioration de la qualité de service des places portuaires. Quand il s’agit du choix des ports, les critères qui influencent le plus les chargeurs sont similaires à ceux énoncés en 2023, à savoir : les coûts et la présence des compagnies maritimes. Dunkerque suscite encore cette année un véritable plébiscite auprès de 92 % des chargeurs, largement devant le port de Marseille-Fos. Quant aux compagnies maritimes, c’est le français CMA CGM qui est privilégié par 90 % des chargeurs interrogés. Suivent loin derrière Maersk (51 %), MSC (39 %) ou Hapag-Lloyd (37 %). Les principaux critères qui influencent le choix des chargeurs, sont, par ordre d’importance : la fiabilité de la réservation (en 5e position en 2023), la disponibilité des équipements (conteneurs – en 3e position en 2023) et la politique environnementale de l’entreprise choisie. Au global, selon ce baromètre, seulement 40 % se disent satisfaits à très satisfaits des places portuaires françaises en général. Les nombreuses grèves et congestion de l’année 2023 semblent être les principales causes de mécontentement. Les frais pour le temps de franchise (free time) de stationnement sur un terminal est la première préoccupation des chargeurs derrière les coûts de transport et l’offre maritime. L’année dernière une plus grande part des chargeurs ont estimé que la performance des compagnies maritimes s’est plutôt, voire fortement dégradée. En revanche la qualité de service semble, elle, s’être améliorée ( 51% du panel juge que le niveau de service apporté par les compagnies maritimes est conforme voire bon). Pour les auteurs du baromètre « Le transport fluvial figure parmi les trois modes de transport appelés à connaître un fort développement dans les années à venir, avec le transport maritime de courte distance et le combiné fleuve/route, qui occupait la première place dans le précédent classement ». Contrairement à l’édition précédente où le transport combiné rail/route occupait la première place du classement des modes de transport appelés à connaître un fort développement, il n’arrive cette année qu’en 5eme position, après le fluvial, le short sea, fleuve/route et le routier.
Concernant le transport ferroviaire les chargeurs émettent « de vives inquiétudes sur l’avenir après la refonte de Fret SNCF ». Le transport ferroviaire conventionnel connait cette année des niveaux de satisfaction mitigés, même si en hausse par rapport à l’année dernière (36% de satisfaits contre 17% en 2023). A noter que 11% des répondants se disent « pas satisfaits du tout », en hausse de 10 points par rapport à l’année dernière. 56% du panel qualifient leur impact des grèves survenues l’année dernière de « fort ». Les entreprises interrogées sont à 59 % (-3 points) à juger l’organisation du fret ferroviaire compréhensible et lisible (dont 11% tout à fait). A l’avenir, les chargeurs seront particulièrement sensibles aux innovations qui faciliteront la mise à disposition d’’informations et la réduction de l’impact environnemental.
Sans surprise, les choix de modes de transport dépendent encore des secteurs d’activité. Traditionnellement, le ferroviaire conventionnel est préféré dans des industries telles que l’agriculture ou les matériaux de construction. En revanche, le transport combiné est davantage utilisé par la grande consommation ou les produits dangereux. Le transport routier reste le premier mode de transport utilisé, toutes filières confondues. Un choix motivé en priorité par le coût et le lead time. Enfin, quel que soit le mode, seulement un tiers du panel juge que l’offre permet de répondre à ses besoins. Parmi les causes du mécontentement des chargeurs français on retrouve la dégradation du service et la remontée des coûts. Les critères de choix liés à la décarbonation deviennent de plus en plus importants.