Le très attendu rapport de la BCEAO sur le commerce extérieur de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA*) au titre de l’année 2021 vient d’être publié.
L’année 2021 a été marquée par une nette reprise de l’activité économique de tous les pays du monde après la récession enregistrée en 2020, du fait de la crise de la Covid-19. Selon les estimations du Fonds Monétaire International (FMI), publiées en juillet 2022, le taux de croissance de l’économie mondiale est ressorti à 6,1% en 2021 après la baisse de 3,1% enregistrée en 2020. Les économies de l’UEMOA ont, quant à elles, retrouvé, au cours de l’année 2021, leur dynamisme d’avant la crise sanitaire. Elles ont bénéficié de la mise en œuvre d’importants programmes de relance économique, de la poursuite des chantiers
précédemment suspendus du fait de la pandémie, et du maintien par la Banque Centrale de sa politique monétaire accommodante, afin de permettre aux établissements de crédit de mieux répondre aux besoins de financement des agents économiques.
Selon les chiffres du rapport de la BCEAO, en 2021, les exportations de biens et services dans l’UEMOA sont ressorties à 22.971,2 milliards, en hausse de 12,1% par rapport à leur niveau de 2020. Cette évolution est en rapport essentiellement avec l’augmentation des ventes de produits pétroliers (+34,4% – soit 7,5% des ventes à l’extérieur de l’Union en 2021), de coton(+ 31,8% ), de cacao (+11,3%), d’or ainsi que le regain des recettes issues des activités touristiques après le ralentissement observé en 2020. Les exportations de biens de l’Union sont destinées pour près de la moitié à l’Europe ( 44,1%). La Suisse, les Pays-Bas et la France demeurent les principaux clients de l’Union. Hors Europe, l’Afrique hors UEMOA est la deuxième destination des exportations de l’UEMOA.
Coté importations, elles ont enregistré une hausse de 16,9% en 2021 en ressortant à 29.332,0 milliards contre 25.085,5 milliards un an plus tôt. Rapportées au PIB, ces acquisitions sont passées de 23,7% à 25,7%, soit une progression de 2,0 points de pourcentage. Cette évolution est en ligne avec l’alourdissement de la facture énergétique, conjugué au renchérissement des acquisitions en biens d’équipement et intermédiaires des pays de l’Union. Les importations de machines et appareils ont représenté 56,2% dans le total des acquisitions en biens d’équipement en 2021 contre 58,4% en 2020. Les matériels de transport arrivent ensuite avec 31,3% dans le total des acquisitions en biens d’équipement en 2021 contre 28,0% en 2020. Les achats extérieurs de produits alimentaires ont augmenté de 24,8% par rapport à leur niveau de l’année précédente, en raison essentiellement du renchérissement des cours des principales denrées alimentaires importées dans l’Union.
Au final, l’ensemble des Etats membres de l’Union ont contribué au déficit commercial de la zone en 2021. En effet, le Sénégal (-1,7 point de pourcentage), le Niger (-1,0 point de pourcentage), le Togo (-0,5 point de pourcentage), le Mali (-0,3 point de pourcentage), le Bénin (-0,1 point de pourcentage) et la
Guinée Bissau (-0,1 point de pourcentage) sont à l’origine des déficits enregistrés au cours de l’année 2021. Seule en tête la Côte d’Ivoire a dominé les échanges commerciaux (40,6 % des exportations de biens de l’UEMOA) devant le Burkina Faso (15 %).
Pour conclure, d’après la BCEAO, la persistance des déficits extérieurs est la conséquence d’une multitude de contraintes qui pèsent sur la transformation structurelle des économies des Etats membres et limitent leur capacité d’offre de biens et services à forte valeur ajoutée. Il s’agit notamment de la disponibilité de facteurs de production et de leurs coûts de fourniture. Les échanges extérieurs de biens de l’Union souffrent également d’un déficit d’offre de produits alimentaires non transformés, notamment les céréales, en raison de la vulnérabilité du secteur agricole. La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest préconise ainsi : « la priorité devrait être accordée à la maîtrise des risques d’insécurité et à l’accroissement des investissements dans les infrastructures de transport terrestre et maritime, et à la mise en œuvre des réformes nécessaires à la libéralisation de tous les segments du secteur des transports pour réduire le coût du fret. »