L’idée de reconnaitre et de labelliser les Entrepreneurs français de l’Étranger (EFE) est nouvelle pour le commerce extérieur. Elle vise à s’appuyer sur un vaste réseau de 130 000 entrepreneurs français dans le monde qui représentent aussi l’action de la France dans de nombreux pays.
Cette action a été initiée par les Conseillers du Commerce Extérieur de la France (CCE) et par les Chambres de Commerce Françaises à l’étranger, rejoint par l’UFE. Elle est emmenée par Alain Taieb, le Président du groupe Mobilitas et membre du bureau des CCE. « Tout ce qui se passe autour du commerce extérieur de la France, du rayonnement économique de la France m’intéresse. » explique-t-il « Depuis des décennies on a refusé de reconnaitre et d’aider nos compatriotes qui sont entrepreneurs à l’étranger alors qu’ils ont des attaches profondes avec la France, et qu’ils sont très souvent des portes d’entrée pour les produits français. »
« On a commencé à faire en sorte que les EFE soient considérés comme des acteurs de l’économie française à l’international. Notre première victoire est pour donner aux EFE l’accès aux VIE. Il fallait créer l’environnement juridique adéquat. Nos propositions ont été validées par les Ministres concernés et, à l’heure où je vous parle, une quarantaine d’entrepreneurs français de l’étranger ont généré 40 VIE et nous espérons une centaine de VIE dans les 12 mois. »
« Sur les 130000 entrepreneurs, d’autres besoins se sont exprimés et nous avons créé des groupes de travail thématiques spécifiques pour essayer d’adresser les besoins et les attentes de ces entrepreneurs. »
« Le premier sujet, c’est celui des financements. Un entrepreneur français à l’étranger, à moins d’accès aux financements locaux, car il est justement étranger, ce qui ralentit son développement. Pour trouver des solutions, on est en train de construire trois branches. La première, c’est de constituer un fonds d’investissement qui va reconnaître le potentiel de ces EFE. Deuxièmement, nous allons travailler à convaincre des banques françaises de faire des crédits court et moyen terme pour financer les EFE. La 3ème action est de mobiliser des aides pour des entreprises qui sont dans des pays à risque, Niger, Mali, Ukraine… pour venir en aide à ces entrepreneurs parfois dans des moments difficiles, avec l’équivalent de ce qu’on appelle chez les Anglo-saxons des Charity. »
« Toutes les actions doivent permettre de renforcer le lien que l’on a avec ces entrepreneurs et de permettre à leurs entreprises de s’épanouir. Pour quelqu’un qui a déjà un volume d’affaires avec la France, on estime qu’il peut être multiplié par 4 ou par 5. On est bien dans notre objectif de favoriser le commerce extérieur de la France. »
« Les EFE sont un des volets qui avaient été ignorés par les pouvoirs publics jusqu’à présent. Ils peuvent aussi montrer le chemin de l’international à de nombreuses PME françaises et essayer de vendre leurs produits et leurs services à l’étranger, tout simplement parce qu’ils sont présents sur place. »
Le premier travail d’Alain Taieb et des équipes EFE est donc de recenser ces EFE, et permettre des « networkings » et des échanges avec des entrepreneurs français dans leur secteur.
« Cela va ouvrir des possibilités qui n’existaient pas jusqu’à présent ou qui étaient ignorées. Avant, quand on arrivait dans un pays, on ne savait pas qu’il y avait déjà 250 entrepreneurs français qui ont créé leur entreprise et qui peuvent être des ressources précieuses. Avoir l’annuaire de ces personnes, leur spécialité, ne peut être qu’une aide pour les entreprises françaises qui ont besoin de ces points d’ancrage pour se sentir plus à l’aise dans le pays qui ne connaissent pas. »
Alain Taieb pense que le sujet EFE est aussi politique. « On a 3,6 millions de Français qui vivent à l’étranger, un demi-million de salariés chez des entrepreneurs à l’étranger, et 130000 chefs d’entreprise, ce sont tous des électeurs en puissance. Leur reconnaissance est un point important, mais il faut définir une EFE. Les sénateurs nous ont demandé de travailler sur un label, de définir les règles de fonctionnement et de regarder qui peut l’attribuer. Nous proposons que ce soient les conseillers du commerce d’extérieur sur place, et la Chambre de commerce française qui labélise l’entreprise. »
Pour Alain Taieb, les choses sont simples, il s’agit simplement de créer une force en rassemblant des entrepreneurs, qui ensemble, représentent une puissance importante utile pour la France, mais utile pour leurs propres business.
L’institution EFE a bien d’autres idées … pour les stagiaires des écoles françaises, pour les jeunes retraités dont pourraient avoir besoin les EFE … mais aussi de faciliter le réinvestissement en France des entrepreneurs français à l’étranger. C’est dans tous les cas une nouvelle piste très concrète pour aider au rayonnement de la France et pour contribuer aux exportations.