Quelques mois après son retour à Brasilia, le président Lula Da Silva veut employer les grands moyens pour doper l’économie du géant Sud-Américain. Et quoi de mieux qu’un grand plan d’investissement. Après le « Programa de Aceleração do Crescimento » (Programme d’accélération de la croissance ou PAC) de Lula 2 en 2007, le PAC 2 de la présidence Dilma Rousseff en 2010, place donc au « Novo PAC » de Lula 3.Annoncé le 11 août au Théâtre municipal de Rio de Janeiro par le président brésilien lui-même, le Novo PAC anticipe 1700 milliards de reals (354 milliards de dollars) d’investissements d’ici 2026 dans les infrastructures, la transition énergétique et divers services publics. De quoi relancer la croissance du PIB qui après les 2% attendus cette année devrait fléchir à 1,3% en 2024 dans un contexte d’inflation pourtant assez sage (moins de 4%).Concernant ce Novo PAC, le budget de l’État fédéral participera à hauteur d’environ 22% à ces dépenses. A ceci s’ajoutent les investissements des grandes entreprises publiques comme Petrobras (20% environ) et l’endettement (21% environ) contracté par l’Etat central ou les Etats fédérés, notamment auprès de la toute-puissante Banque nationale de développement (BNDES). Le secteur privé doit contribuer, pour la plus grande part, aux investissements prévus.Pour cela, parmi les mesures transversales prévues par le plan figurent diverses dispositions à même de séduire les entreprises. Dans un pays connu pour sa lourde bureaucratie, la présidence brésilienne promet ainsi une amélioration de l’environnement réglementaire ou la simplification dans l’obtention des licences environnementales. Le plan doit aussi s’accompagner de certaines aides publiques ou bonifications de crédit.
En matière de grandes concessions, le gouvernement de Lula s’est montré plutôt frileux depuis son entrée en fonction le 1er janvier, par exemple sur la privatisation des aéroports régionaux. Mais le Novo Pac promet expressément une relance des projets de type PPP et une amélioration des mécanismes de concession. Il en va de même pour la gestion et la passation des marchés publics. A ce titre, et même si le nouveau plan a été bien accueilli par les milieux d’affaires nationaux et internationaux, le premier PAC n’a pas laissé que de bons souvenirs dans l’esprit des Brésiliens. Il s’était accompagné de plusieurs cas sérieux de corruption et de fraudes, mis en lumière notamment dans l’opération judiciaire hautement médiatique « Lava Jato ».
Sans attendre le déploiement complet du Novo PAC (notamment au niveau des Etats fédérés qui jouent un rôle clé dans l’économie) Brasilia a annoncé le lancement anticipé dès début septembre d’un ensemble d’investissements totalisant 136 milliards de reals (27,5 milliards de dollars). Conformément à la fibre sociale de Lula, ce programme cible notamment l’urbanisation des bidonvilles, l’eau et l’assainissement, les centres de santé de base, les jardins d’enfants, écoles et autres bus scolaires ou encore les centres sportifs.
Nul doute en tout cas que le plan brésilien retiendra l’attention des entrepreneurs français. Marqué par la présence de la plupart des grands groupes et d’innombrables PME françaises, le Brésil est une destination de choix des entreprises hexagonales. Selon les dernières données du Trésor, le Brésil est même devenu la première destination des IDE français dans les économies émergentes, devant la Chine. En 2022, les entreprises françaises y détenaient un stock d’investissement direct de 35 milliards d’euros. Le Brésil est ainsi la 11ème destination des investissements français dans le monde (2,5% du total). En 2022, nos flux nets vers le pays ont atteint 4,8 milliards de dollars.