Le mois dernier le premier porte-voitures du constructeur automobile BYD a opéré sa première livraison en Europe. Parti le 9 janvier depuis le port chinois de Yantai, ce porte-voitures d’une capacité de 7 000 CEU, a déchargé quelque 3 000 véhicules électriques dans le port allemand de Bremerhaven. Propulsé au GNL (gaz naturel liquéfié) le « cargo Explorer n° 1 » est le premier d’une série de six navires affrétés par BYD pour servir les ambitions européennes du géant chinois. Il faut dire que les exportations de BYD ont augmenté de 334 % l’année dernière.
Leader mondial des ventes des véhicules dites à énergie nouvelle (NEV) pour la deuxième année consécutive avec 3,02 millions d’unités vendues, le Chinois a même doublé Tesla au dernier trimestre 2023 en termes de ventes mondiales (5 millions d’unités), se hissant pour la première fois dans le top 10 mondial.
Créée en 1995 par Wang Chuanfu pour fabriquer des batteries, l’entreprise s’est recentrée en 2003 sur la construction de voitures à essence puis, à partir de 2022 n’a plus produit que des modèles hybrides et électriques. La société a réussi à vendre plus de 520 000 véhicules électriques au quatrième trimestre 2023 devenant ainsi le plus gros constructeur de voitures électriques au monde. Premier constructeur automobile pour la onzième année consécutive en Chine, BYD (Build Your Dream – construisez vos rêves, en français) est déjà distribué dans 19 pays d’Europe. En France, le constructeur a inauguré en février dernier sa 21e concession BYD (à Brest ) et vise 80 concessions d’ici fin 2024. BYD a par ailleurs été contacté par le gouvernement italien qui cherche un nouveau constructeur pour augmenter la production dans le pays et mettre fin au monopole de Stellantis. Le constructeur doit également ouvrir sa première usine européenne en Hongrie, dans trois ans,
Faut-il alors redouter le raz-de-marée de BYD en Europe ? Après les Japonais et les Coréens, plusieurs géants de l’automobile chinois ont décidé il y a quelques années de s’attaquer au marché européen. Ils ont même réussi à conquérir 6% du marché électrique en Europe l’année dernière, selon les chiffres de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). Pourtant, cette arrivée sur le marché européen se révèle finalement moins agressive que prévu. D’abord les constructeurs chinois adoptent maintenant une approche axée sur la qualité pour s’imposer sur notre marché, ce qui contribue à une croissance plus lente mais plus durable. Ils doivent ensuite faire face à des obstacles réglementaires. La Commission européenne qui a ouvert, en septembre dernier une enquête sur des subventions, présumées illégales, de Pékin à ses constructeurs, pourrait infliger des droits de douane punitifs aux véhicules chinois. De son côté, la France a, elle, privé les constructeurs chinois de son bonus à l’achat ou seuls les modèles produits en France et en Europe sont éligibles.
BYD se heurte donc à l’ensemble de ces problèmes mais aussi à une demande morose, des problèmes de contrôle qualité et des tensions internes. Pour y faire face l’entreprise parie beaucoup sur des voitures thermiques en version hybride et mise donc aussi sur ses navires porte-voitures pour des livraisons en masse sur l’Europe.
Ces dernières années, le nombre de voitures expédiées par bateau à travers le monde a augmenté de 19 %. BYD avec son cargo Explorer n° 1, loué pour une durée indéterminée à une entreprise de fret israélienne, est en train de se constituer une flotte de navires rouliers et d’investir dans le fret maritime. La société suit d’ailleurs le mouvement opéré par d’autres fabricants de voitures chinois comme SAIC Motor, ou japonais, comme Nissan et Toyota qui se sont, eux aussi, constitué une flotte de cargos pouvant transporter plusieurs milliers de voitures.