Lundi 4 mars dernier, eurodéputés et Etats membres se sont mis d’accord sur un texte qualifié « d’historique » visant à relever les ambitions de l’Union européenne en matière de recyclage qui prévoie que tous les emballages dans l’UE devront être recyclables à partir de 2030. Un mois auparavant le Parlement européen avait voté à une très large majorité l’interdiction de l’exportation des déchets plastiques vers les pays non-membres de l’OCDE sauf si ces derniers ont les installations nécessaires pour « les gérer de manière écologiquement rationnelle » (jusque-là, les restrictions ne s’appliquaient qu’aux déchets dangereux). Concernant les exportations de déchets plastiques, elles seront tout simplement interdites vers les pays non-membres de l’OCDE. Dans les pays membres de l’OCDE – comme la Turquie – les exportations pourront se poursuivre, mais seront suspendues en cas de problèmes environnementaux.
La majorité des déchets exportés hors de l’UE se compose de déchets de métaux ainsi que de papier, de plastique, de textile et de verre. En 2021, 33 millions de tonnes de déchets ont été exportées de l’UE vers des pays tiers (un chiffre en augmentation de 77% par rapport à 2004). 45 % des déchets de l’UE sont allés en Turquie (14,7 millions de tonnes), suivie de l’Inde (2,4 millions de tonnes), de l’Égypte (1,9 million de tonnes), de la Suisse (1,7 million de tonnes) et du Royaume-Uni (1,5 millions de tonnes). En 2022, l’Union européenne a exporté 32,1 millions de tonnes de déchets, majoritairement vers la Turquie (12,4 millions), comment l’indiquent les données d’Eurostat.
Selon les chiffres du gouvernement en 2022, la France a importé 6 millions de tonnes de déchets et en a exporté 2,9 Mt. Notre pays importe majoritairement des déchets provenant du Luxembourg et de la Suisse (70,5 %) dont 76 % sont des « terres et cailloux non dangereux ». Les exportations françaises, à la hausse depuis les années 2000, observent une légère baisse en 2022, tout en se maintenant à un niveau élevé. Les déchets de bois sont les plus exportés (38 %), principalement vers la Belgique, l’Italie et l’Espagne pour leur recyclage en panneaux de particules et utilisation comme combustibles.
L’UE a également décidé de s’attaquer aux « biodéchet » qui constituent une source essentielle d’émissions de gaz à effet de serre provenant des décharges, l’équivalent de 3 % des émissions totales de gaz à effet de serre de l’UE (AEE, 2019a) et contribuant ainsi significativement au changement climatique. En raison de leur volume considérable, les objectifs communs de l’Union européenne en matière de gestion des déchets ne pourront être atteints sans s’attaquer au flux de biodéchets d’où la mise en place de toute une batterie d’objectifs (recycler 65 % des déchets municipaux d’ici à 2035, réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici à 2030, etc… ).
En France, depuis le 1er janvier dernier, il est obligatoire de trier ses biodéchets, les déchets alimentaires et les déchets verts du jardin qui représentent 30 % du contenu de nos poubelles. Les collectivités doivent permettre ce tri en mettant à disposition des poubelles supplémentaires -souvent au couvercle marron- ou des points d’apport volontaire comme il existe déjà dans la rue pour la collecte du verre. L’objectif est de réduire la quantité de déchets qui finissent incinérés mais plutôt de les valoriser en faisant du compost ou en les utilisant dans un processus de méthanisation pour produire du biogaz par exemple. De plus les biodéchets sont composés à 80 % d’eau. Les incinérer est inutilement énergivore. Les enfouir génère du méthane, un gaz dont le pouvoir de réchauffement global est 25 fois supérieur à celui du CO2. Les trier afin de les valoriser ne présente que des avantages et permettra peut être aussi de faire décoller une filière de valorisation biologique. Depuis 2012, le tri à la source s’appliquait déjà aux professionnels produisant de grandes quantités de déchets. Au 1er janvier 2024, la mesure a été généralisée à l’ensemble des acteurs professionnels sans seuil minimum.