C’est un acte sans précédent connu, le Mali a donné 72h à l’Ambassadeur de France pour quitter le pays. La France l’a donc immédiatement rappelé pour consultation afin d’éviter le déshonneur. Mais le mal est fait, et la tension est encore montée d’un cran entre la France,le Mali, et l’ensemble des pays de l’Union Européenne.
Le Danemark s’est vu lui prié il y a quelques jours de retirer ses commandos du Mali, ils gênaient le déploiement des commandos Wagner.
L’intention de la nouvelle junte malienne est claire : passer un accord avec les djihadistes afin de faire cesser une guerre qu’ils pensent ne pas pouvoir être gagnée.
Il est vrai que les résultats obtenus par les troupes étrangères au Mali ne sont pas probants. L’armée malienne a depuis longtemps baissé les bras et ne facilite en rien les choses. Gagner une guerre dans ces conditions devient difficile voire impossible.
Emmanuel Macron s’en est bien rendu compte en rapatriant 3000 soldats il y a quelques mois. La rupture était donc inévitable et la position très forte affichée par la junte malienne permet d’ouvrir la voie à des négociations avec les djihadistes en mettant le pouvoir malien dans la posture du tombeur des Français.
Les Russes eux tirent leur épingle du jeu. Les Occidentaux n’acceptant pas les négociations avec les djihadistes, le seul moyen d’assurer sa sécurité étaient pour l’état malien de faire appel à une troupe étrangère sans états d’âme et dont la réputation sulfureuse fait plutôt peur.
Ce scénario catastrophe pourrait se répéter dans la zone Sahel et particulièrement au Burkina Faso, qui, face aux difficultés de son armée pourrait être tenté de faire la même opération : acheter une paix politique provisoire en laissant officiellement s’installer des khalifats sur des pans entiers de son territoire.
Les conséquences pour la France sont fortes. La perte d’influence et de crédit dans la zone peut être durable. Dans le même temps c’est un véritable risque d’instabilité pour l’Afrique, car la contagion peut être réelle et le pouvoir en Côte d’ivoire craint que la situation s’envenime aux frontières de son pays.
L’Europe et ses partenaires des forces Takuba se sont donnés 15 jours pour décider de leur maintient ou non dans le pays.
La mauvaise gouvernance depuis des années est la cause de ces mouvements. L’enrichissement de quelques-uns, ou de certaines parties du territoire ou de certaines ethnies sans qu’il y ait un changement réel pour l’ensemble des populations locales ne peut être durable. La 2ème cause est que, favoriser des régimes démocratiques, par essence faibles, avec des administrations inexistantes, sur des territoires immenses est difficilement tenable.
Le bon vouloir et les discours d’Emmanuel Macron n’y auront rien changé et ont même peut-être envenimé les choses. Le sommet Afrique-France en a été l’illustration. Une sorte de repentance, associée à une flagellation verbale ouvre la voie des possibles et consacre une Afrique à deux vitesses : les bons qui avancent vite et les méchants englués dans les conflits.
Maintenant reste LA question collective qui se pose : comment faire mieux ? La réponse est tout sauf évidente, car elle est très probablement plus micro-économique et de terrain que macro-économique et politique.