Le sommet de l’Union africaine, réunissant les chefs d’État et de gouvernements africains, se tenait ce week-end à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Ce sommet, qui marquait le 20e anniversaire de la fondation de l’UA, s’était préparé à un programme particulièrement chargé avec de nombreux dossiers sensibles.
Quatre grandes questions devaient être abordées: la santé, la stabilité sécuritaire, l’éducation et la sécurité alimentaire. L’actualité fait que les deux premiers thèmes allaient être prédominants.
Coté santé, l’Afrique et la Covid-19 tout d’abord devrait occuper une bonne partie des débats. Si le continent africain reste relativement épargné par la pandémie de Covid-19, il est celui qui a vu naître le variant Omicron. Il est aussi celui qui affichait fin janvier moins de 11% de sa population complètement vaccinée ( 7 % en octobre 2021 ).
Coté stabilité sécuritaire, ce sommet intervenait après une série de coups d’Etat ( Mali, Guinée, Soudan ) sur le continent, le dernier il y a moins de deux semaines au Burkina Faso. Le président de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, avait déjà condamné une « résurgence inquiétante des coups d’Etat militaires qui, non seulement, ne renvoient pas une image positive de notre continent, mais sont des sources d’instabilité socio-politique préjudiciables à tous les efforts de développement ». Par ailleurs l’un des conflits préoccupants du continent se déroule actuellement sur le territoire du pays-hôte : l’Ethiopie est toujours en guerre contre le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), mouvement séparatiste de la région du Tigré. La tenue de ce sommet aura déjà permis au gouvernement éthiopien de se présenter comme un hôte solide et stable malgré cela. Celui-ci avait en amont fait pression pour que ce sommet ait lieu en présentiel , donnant ainsi un sentiment de normalisation de la situation sur place.
Deux autres sujets brûlants devaient également être portés à l’ordre du jour, mais ils ont, eux aussi, été passés sous silence suite à cette actualité :
Lors de ce sommet, les pays africains auraient du débattre la question de l’acceptation ou non d’Israël en tant que membre observateur. L’année dernière, M.Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), avait accepté l’accréditation de l’état hébreu mais quelques pays comme l’Afrique du Sud ou l’Algérie avaient rapidement protesté, affirmant avoir été mis devant le fait accompli. Un débat que les analystes estiment être l’un des plus polarisants de l’histoire de l’organisation devait avoir lieu… ce ne fut pas le cas… Les discussions ont été reportées, évitant ainsi une crise inédite au sein de l’organisation panafricaine adepte du consensus.
Même décision concernant les décisions autour du Parlement de l’Union africaine, à l’arrêt depuis juin 2021, sans réel pouvoir, et qui, miné par les conflits internes et des accusations de fraudes et autres gaspillages, renvoie une image déplorable.
Les dirigeants africains ont donc principalement condamné dimanche « sans équivoque » la récente « vague » de coups d’Etat sur le continent et validé la nomination du président sénégalais, Macky Sall, qui remplace son homologue congolais, Félix Tshisekedi, à la tête de l’UA pour un mandat d’un an avec un dossier prioritaire : la stratégie à adopter face aux terroristes.