Depuis plus de deux ans, les levées de fonds dans l’écosystème de la « tech » africaine crèvent les plafonds. Et cette année voit encore la confirmation de la tendance. Sur les quatre premiers mois de 2022, les jeunes pousses technologiques ont attiré un total de 2,24 milliards de dollars, selon les pointages de l’expert Max Cuvellier (Africa: The Big Deal). Un montant jamais atteint sur une période aussi courte.
Le niveau déjà inédit de 2021 à savoir 5,2 milliards de dollars (+40%) et 681 opérations, selon le rapport de référence de Partech, devrait être dépassé sur l’ensemble de l’année 2022. Pour sa part, Max Cuvellier anticipe même un nouveau record autour de 7 milliards de dollars cette année.
Parmi les opérations récentes des derniers mois, on compte par exemple Insta Deep (IA décisionnelle) en Egypte qui a capté 100 millions d dollars, la start-up kényane Lipa Later, (crédit) qui a levé 12 millions de dollars en pré-série A ou encore la nigériane Moove. Cette jeune entreprise spécialiste de la mobilité a levé 10 millions de dollars en février, puis encore 105 millions en mars dans une série A2 pour s’étendre en Afrique et au-delà (Asie, Amérique latine). Toujours au Nigeria, ce début mai, Interswitch un des stars de l’écosystème financier au Nigeria détenu à 20% par Visa a annoncé 110 millions de dollars d’investissement de la part des fonds LeapFrog Investments and Tana Africa.
Dans un registre plus modeste, Edtech tunisienne Manara, vient de lever 3 millions de dollars pour se développer en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, tout comme la jeune pousse marocaine Freterium (optimisation logistique) qui a reçu pour sa part 4 millions de dollars d’investisseurs américains (dont Partech) , européens et marocains,
Dans l’ensemble, quatre pays dominent le paysage, l’Afrique du sud et le Nigeria surtout, ainsi que l’Egypte et le Kenya. Des pays comme le Ghana, le Maroc, la Tunisie ou le Rwanda suivent, mais à des niveaux plus modestes.
Devenu un véritable poids lourd de la « tech » en l’Afrique subsaharienne, le Nigeria a connu l’an passée plusieurs opérations marquantes comme la levée de fonds de 400 millions d’euros conduite par la société de paiement OPay, auprès de SoftBank et d’investisseurs chinois notamment ou encore la valorisation record (3 milliards de dollars) atteinte par la fintech Flutterwave. Du côté de l’Afrique francophone, le Sénégal s’était distingué avec Wave Mobile Money, une autre société de paiement mobile fondée à Dakar par des entrepreneurs américains. Sa levée de fonds de 200 millions de dollars l’a valorisé 1,7 milliard de dollars, un record pour la zone francophone.
Dans l’ensemble, les opérations se concentrent à plus de 80% sur un petit nombre de domaines : services financiers (paiement surtout), e-commerce et le secteur mobilité/logistique. Mais de plus en plus d’opérations sont relevées dans l’agro-industrie, la santé ou l’éducation.