En un an , Kwik est devenu un des leaders de la livraison du dernier km par deux roues à Lagos où, en plein confinement, son activité a connu un vrai boom. Cible de l’entreprise, fondée par un ancien d’Ubisoft : le BtoB.
Un peu d’entrepreneuriat version « french tech » dans les rues de Lagos…. Telle est l’aventure de Romain Poirot-Lellig. Ce quadragénaire globe-trotteur et serial entrepreneur, passé notamment par Ubisoft est en passe de réussir son pari : s’afficher comme un des leaders de la livraison par deux roues à Lagos.
Créée en juin 2019, son entreprise affiche déjà 14 000 comptes clients, plus de 10 000 transactions par mois grâce à une flotte de 400 livreurs indépendants, formés individuellement une demi journée chacun, affichant fièrement la couleur verte de l’entreprise et son nom : Kwik Delivery.
A la différence des nombreuses sociétés de livraison à Lagos comme Gokada ou Max.ng (il y a 8 millions de livreurs à moto au Nigéria!), Kwik s’est surtout centrée sur le BtoB. Ses clients ? Des PME, des commerces, des sociétés d’avocats, des banques ou encore les plus grandes chaînes de pharmacie de la mégapole nigériane.
« Nous assurons par exemple le réassort de points de vente en médicaments, en cartouches d’encre, en pièces détachées ou tout type de fournitures ou produits», explique Romain Poirot-Lellig. Pendant le confinement, la jeune société a même noué un partenariat avec le distributeur Spar qui a mis en place une plate-forme de e-commerce. Elle travaille aussi souvent avec DHL.
« Nous sommes avant tout une société de technologie « data centric », annonce le créateur de la société, basée à Yaba, le quartier des startuppers et qui emploie une quinzaine de personnes.
De fait, le savoir-faire de Kwik repose sur sa plate-forme, développée avec un sous-traitant en Inde, et hébergée par Amazon à Londres. Cet outil permet d’évaluer en continu les livreurs, ceux-ci peuvent réaliser des encaissements, et de « matcher » au mieux les demandes des clients et la capacité disponible de motos.
Un système qui a fait florès pendant le confinement et le couvre-feu au plus fort de la crise de la covid-19. La fermeture des bureaux et des lieux publics a vidé les artères, d’ordinaire embouteillées, de la capitale économique du géant africain, mais les services de livraison étaient autorisées pour donner de l’air à l’économie de la ville au bord de l’asphyxie.
« Kwik a connu 360% de croissance en deux mois. C’était incroyable», relate Romain Poirot-Lellig. Aujourd’hui, en phase progressive de retour à la normale, la jeune société a retrouvé son rythme de croissance antérieur, soit « seulement » 25% par mois.
Lancé avec l’aide de business angels français ou nigérians, et environ 500 000 euros d’investissement initial, Kwik est venu matérialiser les espoirs de notre entrepreneur qui rêvait de monter un projet au Nigeria. « Le pays a une réputation difficile, mais il est plein d’opportunités, explique Romain Poirot-Lellig. C’est la première économie du continent. L’esprit d’entreprise y est puissant et on trouve des professionnels de grande valeur comme celle que j’ai voulu nommer présidente de notre conseil d’administration, Olatowun Candide-Johnson». Le fondateur de Kwik a en effet tenu à s’appuyer sur l’expérience de cette femme de réseau, ancienne directrice juridique de Total Nigeria et fondatrice de Gaia, un club de femmes entrepreneurs.
Levée de fonds en cours
De quoi aborder, d’ici un à deux ans, les prochaines étapes, à savoir l’expansion de Kwik dans les autres grandes villes nigérianes (Ibadan, Port-Harcourt..) puis dans les pays de la région, Côte d’Ivoire notamment. « Je voudrais aussi développer une plate-forme numérique centrée sur les capacités de stockage en entrepôt cette fois », note le fondateur de Kwik.
Pour cela, celui-ci est en train de conduire une levée de fonds en euros qui sera portée par la société mère, basée en France. Alors que des personnalités comme Yves Guillemot d’Ubisoft ont déjà répondu présent, l’objectif est de réunir près 2 millions d’euros auprès d’autres investisseurs privés.
« La rentabilité de Kwik peut être atteinte dès 2021 mais plutôt que les résultats financiers nous privilégierons les investissements et la croissance», conclut Romain Poirot-Lellig.
Pierre-Olivier ROUAUD
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