La visite d’Emmanuel Macron au Cameroun marque une nouvelle séquence pour le Président de la République Française qui a clairement annoncé hier qu’il allait dans les prochains mois porter son attention sur l’Afrique Centrale.
Après les pays du Sahel, c’est au tour de l’Afrique Centrale d’être à l’honneur dans les relations avec la France. Le Président Macron l’a clairement exprimé lors de sa conférence de presse à Yaoundé, cette zone d’Afrique fera l’objet de toutes ses attentions dans les prochains mois. On parle d’ailleurs d’une visite présidentielle en RDC en préparation.
Au Cameroun, la France pèse économiquement avec 200 entreprises installées, l’AFD y a investi près de 2 milliards d’euros mais pourtant, la France perd pourtant en influence et est véritablement concurrencée avec une percée forte de la Russie sur la zone. A cette même date le Ministre des Affaires Russe rencontrait le Président Sassou N’Guesso au Congo qui l’a reçu comme un chef d’Etat.
Isoler la Russie, dans son effort diplomatique sur le continent a donc été au cœur des débats avec le chef d’Etat Camerounais. Le Président Macron a rappelé que l’armée française est très engagée en Afrique, beaucoup plus qu’en Ukraine ou elle ne fait que soutenir l’effort de guerre et qu’il souhaite un minimum de reconnaissance et de solidarité sur le sujet de la part de ses partenaires historiques africains.
Il s’agissait dans ce déplacement, de la part du Président Français, de peser dans le paysage Camerounais et de remettre les pendules à l’heure après la douloureuse crise malienne et le cas de la Centre-Afrique. Au centre de ce problème, la Russie et la « présence hybride » dénoncée par le Président Français qui passe selon lui par de la propagande et par les médias, mais surtout par la présence de la milice Wagner qui est souvent l’objet d’échanges contre la captation de matière première.
Dans le domaine économique, la sécurité alimentaire a été un des sujets majeurs de ce déplacement. L’initiative « FARM » pour produire davantage dans les pays touchés par la crise alimentaire liée à la crise Russe a été au cœur des débats. Deux éléments semblent clés pour le Président Français : la transparence dans les appels d’offres et dans l’attribution des marchés. Il s’agit ici d’une allusion directe à la corruption qui mine le pays et dont la surenchère dépasse le coté économique pour rentrer dans le domaine diplomatique.
Le 2ème volet évoqué a été la diversification des coopérations économiques françaises qu’il souhaite plus intense dans le domaine du culturel, du tourisme, du digital… Le principal pour Emmanuel Macron étant de faire passer l’économie informelle à l’économie réelle.
Cette visite a été aussi l’occasion de constater à quel point le Président Paul Biya est affaibli physiquement. En face du Président Français il n’est pas sur le même rythme, ni sur la même capacité de compréhension. Tout le Cameroun bruisse des rumeurs de succession et nul ne doute que la montée en puissance de Franck Billa dans le paysage politique est au cœur des futurs débats, dans un contexte ou l’opposition, mise au pas par les 40 années de règne du Président Billa, n’a pas, pour le moment, la puissance médiatique nécessaire pour exister.
L’Afrique centrale sera au cœur des préoccupations de la présidence française pour ce mandat. C’est une bonne chose, tant ces pays sont riches de matières premières, sont nombreux en hommes et femmes, et dont les populations sont sans doute plus bienveillantes vis-à-vis de la France que dans d’autres pays comme le Sénégal.
Reste à concrétiser cette nouvelle politique, et cette visite n’est sans doute pas un exemple, en face d’un président camerounais visiblement affaibli et pour lequel le Président Macron a eu du mal à ne pas paraitre … condescendant.