Les chiffres du premier semestre ont crevé les plafonds, mais l’activité du capital risque s’est brutalement réduite en juillet et août.
L’écosystème des startups africaines s’affiche toujours en grande forme cette année… du moins c’était la cas jusqu’à fin juin. De fait, le secteur a crevé les compteurs ce premier semestre avec un niveau record de levées de fonds. Celles-ci ont atteint 3,1 milliards de dollars, soit une hausse de 240% sur le premier semestre 2021, selon les données du consultant « Africa – The Big Deal » porté par Max Cuvellier, et expert du domaine au sein de l’association GSMA.
Par comparaison, ces levées de fonds du premier semestre 2022 sont plus élevées que l’ensemble des capitaux réunis sur l’année 2020!
Néanmoins, les mois de juillet et août viennent de connaître une contre performance. Les levées de fonds ont reculé respectivement de 20 % à 247 millions de dollars et 67% à 228 millions de dollars. Ces variations sont calculées par comparaison aux deux même mois de 2021, particulièrement dynamiques, notamment grâce aux 400 millions de dollars levés en août 2021 par la fintech nigériane de paiement OPay dans ce qui reste la plus grosse opération en Afrique à ce jour.
La période à venir est donc à suivre avec particulièrement d’attention pour constater si les soubresauts de l’économie mondiale, l’inflation et la hausse des taux directeurs notamment rendent les acteurs du capital risque plus frileux. Ce premier semestre, l’Afrique était le seul continent à connaître encore une évolution positive en termes de levée de fonds conduites par le « VC », à l’inverse des Etats-Unis ou de l’Asie.
En attendant, les financements de cette première moitié d’année se sont concentrés pour un tiers dans le domaine des fintech et à environ 80 % dans les quatre pays habituels, dénommés les « Big four » : Nigéria, Egypte, Afrique du sud et Kenya. L’Afrique francophone reste pour sa part très en deçà et l’opération au Sénégal en 2021 sur Wave qui avait levé 200 millions de dollars reste une exception.
A l’inverse, au Kenya, deux opérations marquantes ont été finalisées en juin : Sun King un fournisseur d’équipement solaire en « Pay as you Go » a levé 260 millions de dollars. Quant à Wasoko (photo), une plateforme de e-commerce B2B, elle a levé ce même mois de juin 125 millions de dollars.
A ce stade, avec Sun King, le plus gros deal africain de l’année reste le tour de table conduit pour 250 millions de dollars en février par la fintech nigériane Flutterwave. Cette société qui a connu, par ailleurs, depuis plusieurs soucis de gouvernance depuis, était alors valorisée 3 milliards de dollars.
Pour rappel sur l’ensemble de l’année 2021, selon « The Big deal » les start-ups africaines avaient levé plus de 4,3 milliards de dollars à travers 818 opérations de plus de 100 000 dollars. Soit l’équivalent de 1 million de dollars toutes les heures s’est amusé à calculer «Africa – The Big Deal ». Quel taux horaire pour cette année?